La fatigue bientôt détectée dans notre salive ?
Un test salivaire pourrait détecter le manque de sommeil et permettre aux automobilistes de savoir s’ils sont en état de prendre la route.
Les fêtes de fin d’année approchent, et plus d’un sera tenté de prendre le volant après une nuit trop courte. C'est ce constat qui a motivé le Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (CSHD) et la Fondation VINCI Autoroutes à réaliser une étude sur 17 sujets, qu'ils ont soumis à un test salivaire. Celui-ci a permis de détecter leur manque de sommeil : deux nuits trop courtes consécutives modifient en effet certains capteurs présents dans la salive, le cortisol et l’α-amylase. "L’objectif, à terme, c’est de commercialiser un test d’auto-évaluation, peut-être par une méthode de bâtonnet à mettre dans la bouche", explique Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes.
De sujets plus agressifs et plus confus
L’étude du CSHD et de la Fondation Vinci, a révélé que ces biomarqueurs étaient présents à des niveaux plus faibles dans la matinée (– 37 % pour le cortisol) et dans l’après-midi (– 15 % pour l’α-amylase) après une privation de sommeil. Selon les chercheurs, ces changements de taux constituent donc des indices permettant de détecter le manque de sommeil. L’étude a porté sur des personnes jeunes et en bonne santé qui n’ont dormi que trois heures par nuit. Après deux nuits consécutives, les chercheurs leur ont prélevé des échantillons de salive, qu’ils ont ensuite analysés à intervalles réguliers.
Ils ont par la suite établi des "Profils des états d’humeur" afin d’évaluer le niveau de calme et de tension des sujets. Ces profils ont montré que les personnes ayant participé à l’étude, à cause du manque de sommeil, présentaient "une diminution de la sensation de calme et une augmentation des niveaux de tension". Leur fatigue ressentie était multipliée par trois, leur agressivité par deux, et leur situation de confusion par deux. Les sujets se sentaient par ailleurs moins vigoureux et moins sociables.
Les Français ont perdu une heure de sommeil par jour en 30 ans
Les risques de somnolence et d’inattention au volant constituent près de la moitié des accidents mortels sur l’autoroute. Aussi, pour éviter la sensation de stress liée au manque de sommeil et limiter les risques d’accident, il est conseillé faire une nuit complète la veille du départ, de partir en journée, de faire des pauses toutes le deux heures pendant son trajet, de s’arrêter dès les premiers signes de fatigue et de changer de conducteur si possible. "La somnolence a des effets immédiats. Dès qu’on sent que nos yeux ne sont plus concentrés ou qu’on est mal installé sur son siège, il faut s’arrêter", indique Bernadette Moreau.
Pour la déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes, ces conseils restent pourtant mal connus : "Aujourd’hui encore, on sous-estime les dangers du manque de sommeil au volant." Une situation alarmante, quand on sait qu’entre 1996 et 2011, les conducteurs ont perdu une heure de sommeil par jour, selon une étude financée par la Fondation Vinci Autoroutes. "Les actifs ont des journées à rallonge, et les jeunes passent beaucoup devant leurs écrans, ce qui a des effets néfastes sur leur sommeil. Et dormir moins de sept heures par nuit est préjudiciable à la conduite", alerte Bernadette Moreau. "Commercialiser un test salivaire permettrait aux conducteurs de se rendre compte de leur niveau de fatigue et de reporter leurs trajets, ce qui réduirait le nombre d’accidents", conclut-elle.