DMLA : l'Avastin® encore trop peu utilisé
Ce sont d'énormes économies qui passent sous le nez de l'Assurance-maladie. Car l'Avastin®, un traitement efficace, mais aussi bien moins cher que ses concurrents, contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge, est encore trop peu proposé aux patients. Les règles de prescription en sont tellement draconiennes qu’elles freinent les praticiens.
Il y a un an, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) donnait son feu vert pour l'utilisation de l'Avastin® dans le traitement de la DMLA, la dégénérescence maculaire lié à l’âge. Plusieurs études ont en effet démontré que cet anticancéreux était efficace contre cette affection de la rétine. La décision des autorités sanitaires devait permettre d’importantes économies à la Sécurité sociale. Car le médicament jusque-là disponible sur le marché, le Lucentis®, est trois fois plus cher que l’Avastin® : une injection du premier coûte 600 euros contre 200 pour l’Avastin®. Avec 318 millions d’euros en 2014, le Lucentis® est le quatrième médicament le plus remboursé par l'Assurance-maladie.
Mais un an après la décision de l’ANSM de délivrer une RTU (recommandation temporaire d’utilisation), force est de constater que l’Avastin® reste très peu utilisé.
En cause d’une part : le fait que le produit ne peut être utilisé qu’à l’hôpital alors que 80% des patients atteints de DMLA sont soignés en cabinet de ville. Contrairement à ses concurrents, l'Avastin® doit être reconditionné, ce qui ne peut effectivement être fait que dans des pharmacies hospitalières.
Autre obstacle : la complexité à monter un dossier afin d’obtenir l’autorisation d’utiliser l’Avastin®. La RTU précise que le recours à ce médicament doit être "indispensable". Or, il n'est juridiquement pas "indispensable" puisqu'il existe deux autres spécialités disponibles sur le marché. Pour les ophtalmologistes, il est donc risqué de choisir ce traitement : en cas de problème grave, il serait compliqué de justifier leur choix devant un juge.