Méningite : "C'est comme si j'étais morte ce jour-là"
Le nombre de cas de méningite est en recrudescence en France. Cette maladie sévère, parfois mortelle, peut entraîner de lourdes séquelles neurologiques, comme en témoigne Alicia, 22 ans. Reportage.
Pour Alicia, tout commence à 18 ans par des symptômes courants : maux de tête, vomissements.
Mais en à peine deux jours, son état devient inquiétant.
Elle est obligée de rester alitée dans le noir.
"Je ne supportais pas le bruit, même les petits bruits assez simples, comme des chaussons par exemple. Après ça a été la raideur des muscles, je ne pouvais plus me tourner dans mon lit, c'était comme si j'avais fait un marathon de 45 km, c'était vraiment très douloureux", explique Alicia, aujourd'hui âgée de 22 ans.
"C'est très compliqué de ne plus se souvenir"
La jeune femme est alors hospitalisée en urgence pour une méningite. Quatre ans après, Alicia a toujours des troubles de l’équilibre et de la mémoire.
"Aujourd'hui, il y a des choses que je fais dont je ne me rappelle même plus. C'est très compliqué de ne pas se souvenir de certains souvenirs de sa vie qui sont censés être des souvenirs marquants" confie Alicia. "C'est très compliqué de ne plus avoir ces souvenirs et de ne plus avoir cette personnalité que j'ai construite pendant 18 ans et qui a disparue. Pour moi, c'est un peu comme si j'étais morte ce jour-là, et qu'une nouvelle Alicia était née, mais c'est une Alicia à reconstruire", poursuit-elle.
20% de mortalité pour les souches W
Alicia n’était pas vaccinée contre la méningite. Depuis 2018, seule la vaccination contre la souche C de la maladie est obligatoire. Mais les autres types de méningites progressent, notamment le sérotype W, très dangereux.
"Si on ne fait rien, les méningocoques à W, très virulents avec 20 % de mortalité, sont multipliés par deux chaque année" s'inquiète la Professeure Anne-Claude Crémieux, présidente de la commission technique des vaccinations HAS. "Donc on sait que l'augmentation peut être exponentielle si on ne s'y oppose pas grâce à la vaccination", ajoute-t-elle.
C'est pour cette raison que dès l’année prochaine, la vaccination contre toutes les souches deviendra donc obligatoire pour les nourrissons.
Des séquelles neurologiques graves
La maman de Jonas a pris les devants. Ce bébé de cinq mois reçoit aujourd’hui sa première injection.
Il sera ainsi protégé contre cette maladie potentiellement mortelle.
"C'est une maladie grave qui peut entraîner un décès dans 10 % des cas mais également des séquelles neurologiques graves parce qu'elle atteint la commande au niveau du cerveau", expliquer la Dre Amélie Brunet, pédiatre.
Les nourrissons, comme les adolescents, sont particulièrement exposés.
Mais pour les 11-15 ans, la vaccination est seulement recommandée.