DMP : où en est-on ?
Dans le cadre du projet de loi de modernisation de notre système de santé actuellement en cours de discussion, le dossier médical partagé est à nouveau à l'ordre du jour sous le nom de carnet de santé numérique. Le ministère de la Santé souhaite un déploiement du dispositif sur toute la France d'ici la fin de l'année 2016.
Le dossier médical personnel (DMP) ne date pas d'hier, cela fait plus de dix ans qu'on en parle mais concrètement rien ne se fait ou presque. Pourtant, la Cour des Comptes a évalué la dépense publique à 210 millions d'euros entre 2005 et 2011, pour 158.000 dossiers ouverts. Aujourd'hui, seuls 558.000 dossiers médicaux ont été créés. Le projet de loi relatif à la santé relance le dispositif du dossier médical avec quelques nouveautés.
Tout d'abord l'Assurance-maladie prévoit reprendre le dossier numérique en instaurant la possibilité pour le patient de demander lui même l'ouverture d'un DMP via son compte en ligne Ameli. Ensuite, l'Assurance-maladie renseignera le dossier avec les remboursements enregistrés depuis les douze derniers mois.
Le Conseil National du Numérique (CNNum) va dans ce sens. Il a remis récemment à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, un rapport en faveur de la transformation numérique du système de santé. Ces propositions rappellent la nécessité de la protection et de la maîtrise des données médicales pour le patient dans le cadre d'une mise en réseau de tous les acteurs en santé.
D'ici la fin du semestre 2016, après adoption définitive du projet de loi santé, ce dispositif sera expérimenté dans huit territoires pilotes et sera généralisé dans toute la France avant la fin de l'année 2016. Le carnet de santé numérique, si c'est un succès, regroupera alors comptes-rendus hospitaliers et radiologiques, résultats d'analyses de biologie, antécédents et allergies, prescriptions…
Rappelons la réticence des médecins libéraux qui jugent ce dispositif inefficace en raison de la non compatibilité avec leurs logiciels métier. Enfin et surtout, ceux-ci déplorent que cette nouvelle activité ne soit pas rémunérée, alors qu'elle leur demandera du temps. Pour la branche généraliste du principal syndicat de médecins libéraux, la clef de la réussite du carnet de santé numérique tient dans la rémunération des médecins.