Affaire Lambert : « On sait très bien que son corps souffre énormément »
Les médecins du CHU de Reims se sont prononcés une nouvelle fois en faveur d’un arrêt des traitements pour Vincent Lambert, 41 ans en état végétatif depuis 2008. François Lambert, son neveu était l'invité du Magazine de la Santé mardi 10 avril.
C’est une décision prise à l’issue d’une procédure collégiale d’environ cinq mois qui a conclu à une « obstination déraisonnable » envers Vincent Lambert, hospitalisé en état végétatif à la suite d'un accident de la route en 2008. Les membres de la famille ont été reçus séparément à l’hôpital et ceux qui s’opposeraient à cette décision d'arrêt des traitements ont dix jours pour déposer un recours.
François Lambert, le neveu de Vincent Lambert a répondu à nos questions.
- Vous l’avez dit, vous êtes comme la femme de Vincent Lambert, Rachel Lambert, favorable à cet arrêt des soins. Etes-vous soulagé par cette décision ?
François Lambert : « Non pas exactement. Ca n’est pas la première fois qu’une décision d’arrêt des traitements est prise. Mais il suffit que le médecin s’en aille pour que la décision soit caduque et qu’il faille tout reprendre depuis le début. A chaque fois, ça a duré très longtemps parce que les parents de Vincent ont enclenché des procédures judiciaires. Parallèlement à cela, ils font une espèce de travail de sape sur l’équipe soignante pour harceler les médecins. Il y a un médecin qui a fait une dépression, il y en a un autre qui est parti parce qu’il n’en pouvait plus… Moi, j’espère que cette décision sera appliquée, c’est ça qui serait satisfaisait. Ça n’est pas le fait de constater tout le temps que l’on s’acharne sur un patient pendant des années sans rien faire. »
- La première décision d’arrêt des soins avait été prise il y a cinq ans, est-ce que l’état de santé de Vincent Lambert a évolué depuis ?
François Lambert : « Ce que nous dit le médecin c’est que son état se dégrade en permanence et ça va durer comme cela jusqu’à la fin. On sait que son corps souffre énormément, on lui donne des antidouleurs qui sont là pour traiter les douleurs intenses. Il y a des crispations de son visage, ses mains sont recroquevillées, ses jambes forment un arc de cercle qui n’est pas du tout naturel. Ses os sont complètement déformés, c’est du béton armé. On sait très bien que son corps souffre énormément. Par contre, au niveau de la conscience, c’est l’inconnue totale, on ne sait absolument pas si son corps ressent quoi que ce soit… j’espère que non mais il est possible qu’il ressente quelque chose. »
- Les membres de la famille qui s’opposeraient à cette décision ont dix jours pour déposer un recours. Est-ce que vous pensez qu’ils vont le faire à nouveau ?
François Lambert : « C’est sûr. Mais la fermeté du Docteur Sanchez, qui est en charge de Vincent, de dire qu’ils ont dix jours pour déposer ce recours et qu’il n’est pas suspensif c’est aussi pour contrer leur « subtilité procédurale » qui consisterait à déposer un recours sur le fond qui durerait des années. En somme, ça équivaut à leur dire qu’ils peuvent tenter, mais que les traitements seraient arrêtés dans ce cas-là. En 2014, il y a eu un recours similaire qui a été très rapide mais le Conseil d’Etat avait demandé une expertise médicale qui avait duré trois mois, la Cour européenne des droits de l’homme s’était aussi prononcée et ça avait duré un an. Là, je pense que les juges iraient très rapidement et donc les parents de Vincent n’ont pas d’autre choix que de déposer un recours en « référé liberté » où les juges n’ont que 48 heures pour statuer, ça peut aller très vite, la décision peut être prise en une ou deux semaines. »