Le nombre de greffes a baissé en 2018
Il y a eu 324 greffes de moins en France en 2018, majoritairement à cause des progrès de la médecine contre les AVC.
Après huit années de hausse du nombre de greffes en France, la tendance s’inverse. L'an dernier, 5.781 greffes ont été réalisées tous organes confondus, contre 6.105 en 2017 et 5.891 en 2016, a annoncé l'Agence de la biomédecine le 10 janvier.
"50 donneurs en moins, ça peut aboutir à 200 greffes de moins"
L'essentiel de cette baisse vient des greffes de rein, qui restent les greffes les plus fréquemment pratiquées. Il y en a eu 3.546 l'an dernier (dont 537 grâce à un donneur vivant) contre 3.782 en 2017 (dont 611 grâce à un donneur vivant). En 2018, il y a par ailleurs eu en 2018 1.323 greffes de foie (dont 14 grâce à un donneur vivant, qui donne une partie de cet organe), 450 greffes de cœur, 372 greffes de poumons, 78 greffes de pancréas, neuf greffes de cœur-poumons, et trois greffes d'intestins.
Une baisse qui inquiète l'Agence de la biomédecine."50 donneurs en moins, ça peut aboutir à 200 greffes de moins" puisque plusieurs organes peuvent être prélevés sur chaque donneur, a expliqué lors d'une conférence de presse le directeur du prélèvement à l'Agence de la biomédecine, Olivier Bastien.
Pourquoi une telle baisse ?
Les raisons de la baisse ne sont pas forcément celles que l’on croit. Elle est en effet principalement due aux progrès de la prise en charge des AVC, aux campagnes d'information et à une meilleure prise en charge. "Ces dernières années, la mortalité liée aux accidents vasculaires cérébraux a baissé de 15%", indique l'Agence. Aussi la disponibilité de greffons est-elle moins importante.
Autre raison pouvant expliquer cette baisse : l'épidémie de grippe de l'hiver 2017-18. Celle-ci a "fortement mobilisé les équipes hospitalières, et notamment les services de réanimation", selon l'Agence. Des équipes logiquement moins disponibles pour effectuer des prélèvements. D’après l'Agence néanmoins, une "remobilisation" des équipes médicales en fin d'année a permis de limiter la baisse des greffes à 5% au lieu des 10% prévus.
L'Agence a également tenu à balayer l’idée reçue selon laquelle la baisse du nombre de prélèvements serait due à un plus grand nombre de refus de la part des donneurs décédés. "Le taux de refus a baissé puisqu'il est passé de 33% en 2016 à 30% l'an dernier", a précisé le Pr Bastien.
"Poursuivre la diversification des sources de greffons"
Pour enrayer cette baisse, l'Agence de la biomédecine veut "poursuivre la diversification des sources de greffons". Pour cela, elle entend inciter les donneurs vivants à franchir le pas. Ces dons-là ne peuvent toutefois avoir lieu qu'entre proches. L'Agence souhaite également développer le prélèvement sur donneurs décédés après l'arrêt des traitements en fin de vie, mais cela pose de nombreuses questions éthiques. L'objectif du dernier plan greffe, qui prend fin en 2021, est de dépasser les 7.000 greffes en 2021.
Pour rappel, la loi considère que chacun est un donneur potentiel, selon le principe du consentement présumé. Si vous ne souhaitez pas donner vos organes après votre mort, il est impératif de vous inscrire sur le registre national des refus.