Patients et médecins utilisent de plus en plus Internet
3 0% des Français déclarent avoir déjà utilisé Internet pour rechercher des informations relatives à leur santé ou à celle d'un proche. L'Ordre des médecins tient compte de cet place croissante du web en publiant justement un Livre blanc sur la question pour orienter ses membres.
C'est une mutuelle qui s'est intéressée en ce début d'année 2012 à la façon dont les Français utilisent Internet quand ils s'interrogent sur un problème de santé. Et les résultats du sondage Groupe Pasteur Mutualité/Viavoice montrent que près d'un Français sur trois ont cherché sur la toile des informations médicales ou de santé pour eux-mêmes ou pour un proche.
Avec bien sûr de fortes variations selon les générations. Le pourcentage atteint ainsi un maximum de 39 % chez les 35-49 ans (sans doute inquiets de la santé de leurs enfants ou par la leur au fil des années). Il est aussi de 37 % chez les 18-24 ans pourtant a priori plutôt en bonne santé… mais très à l'aise avec ce média qui leur offre beaucoup de sites sur leurs éventuelles difficultés psychologiques ou leurs questions sur la sexualité par exemple !
Le critère le plus discriminant s'avère en fait socio-professionnels : près de la moitié des professions intermédiaires se tourne facilement vers Internet dans ce domaine et 40 % des cadres…
Le médecin garde néanmoins sa place puisque neuf fois sur dix, la navigation sur la toile est associée à une consultation. Les jeunes, les cadres et les artisans semblent la préparer en ligne tandis que d'autres y cherchent au contraire un complément d'information.
La plupart des internautes semblent surtout prudents quant à la qualité des éléments ainsi recueillis. 25 % des personnes interrogées pensent même qu'Internet est dangereux à cause des risques d'erreur ou d'incompréhension. Un pourcentage qui s'élève à 35 % après 65 ans.
Mais dans le même temps, 62 % des agriculteurs, 47 % des cadres et 36 % des 18-24 ans disent néanmoins avoir déjà renoncé à consulter un professionnel de santé après leurs recherches sur l'ordinateur "estimant les informations trouvées suffisantes." Difficulté d'accès géographique à un cabinet médical et problèmes d'emploi du temps se conjuguent alors sans doute pour les décourager. Le risque est alors qu'ils soient faussement rassurés et perdent un temps précieux avant le diagnostic de leur pathologie.
Le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) vient donc de se saisir de la question en proposant un Livre Blanc pour accompagner ses membres dans le développement de leur usage d'internet. "L'usage du web et des technologies de l'information et de la communication dans l'exercice médical ne remet nullement en cause les pratiques de la médecine", explique ainsi Jacques Lucas, vice-président du CNOM. "Il les complète par l'accès libre aux informations en santé." L'Ordre des médecins invite donc chacun à s'investir dans ce domaine en donnant cinq principes directeurs.
Il s'agit d'abord de mettre Internet au service de la relation médecins-patients. Les premiers doivent ainsi jouer un rôle majeur dans l'orientation du grand public vers des sites pertinents et fiables en les aidant notamment à développer leur sens critique.
Les professionnels de santé sont ensuite vivement invités à participer à la production de l'information dans ce domaine pour en améliorer la qualité. Ils doivent également "faire un usage responsable des médias sociaux numériques" : on se souvient des problèmes posés par certaines communications personnelles et les sollicitations de patients sur le plus célèbre des réseaux… Le CNOM en appelle aussi au législateur pour sécuriser le cadre du téléconseil. Enfin, il estime qu'il faudrait "reconnaître l'acte de conseil par téléphone ou par courriel pour un patient habituellement suivi."
En savoir plus
- Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM)
Livre blanc : déontologie médicale sur le web