Les riches vivent (beaucoup) plus vieux
Selon les derniers chiffres de l’Insee, les hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les moins aisés. L'écart est de 8 ans entre les femmes les plus riches et les moins riches.
Avec ou sans diplôme, plus on est aisé, plus l’espérance de vie augmente, constate l’Insee dans une étude publiée ce 6 février.
Ainsi, si le niveau de vie [1] de votre ménage était égal ou supérieur 5.800 euros mensuel durant la période 2012-2016, vous faisiez partie des 5% des français les plus riches… qui correspond également à la frange de la population dont l’espérance de vie à la naissance est la plus importante : 84,4 ans pour les hommes, 88,3 pour les femmes.
À l’opposé, "parmi les 5 % de personnes les plus modestes, dont le niveau de vie moyen est de 470 euros par mois", les hommes ont une espérance de vie de 71,7 ans et les femmes de 80, révèle aujourd’hui l’Insee.
"Le gain d’espérance de vie associé à une légère augmentation de niveau de vie
n’est pas le même pour les personnes les moins aisées et celles qui le sont le plus", observe l’Insee.
Renoncement aux soins et exposition aux risques professionnels
Plusieurs phénomènes peuvent expliquer pourquoi les personnes les plus aisées tendent à vivre plus longtemps, détaille sur le site de l’Insee Nathalie Blanpain, de la division Enquêtes et études démographiques de l’institut. Premièrement, les difficultés financières peuvent limiter l’accès aux soins. "Par exemple, d’après l’enquête Santé et protection sociale de 2014, 11 % des adultes parmi les 20 % les plus modestes disent avoir renoncé pour des raisons financières à consulter un médecin au cours des 12 derniers mois, contre 1 % des adultes parmi les 20 % les plus aisés", détaille la chercheuse.
Mais il ne s’agit pas du seul facteur en cause. Ainsi, les cadres tendent à avoir "un niveau de vie élevé, et sont moins soumis aux risques professionnels (accidents, maladies, exposition à des produits toxiques) que les ouvriers", poursuit Nathalie Blanpain. "De même, les comportements moins favorables à la santé sont plus fréquents chez les non-diplômés que chez les diplômés. Par exemple, d’après le Baromètre Santé 2016, 39 % des personnes âgées de 15 à 64 ans sans diplôme fument quotidiennement, contre seulement 21 % des diplômés du supérieur".
Enfin, une mauvaise santé est parfois la cause, et non la conséquence, d’un faible niveau de vie, "[en freinant] la poursuite d’études, l’exercice d’un emploi, ou l’accès aux emplois les plus qualifiés".
L’Insee observe que les femmes dont le niveau de vie mensuel dépasse les 1.300 euros vivent statistiquement "plus longtemps que les hommes les plus aisés". "Seules les femmes dont le niveau de vie se situe parmi les 30 % les plus modestes vivent en moyenne moins long- temps que les hommes appartenant aux 5 % les plus aisés". L’espérance de vie supérieure pour le femme s’expliquerait "par certains de leurs comportements plus favorables à une bonne santé" (plus faible consommation d’alcool, par exemple), ainsi que du fait d’un "meilleur suivi médical, en particulier pendant la vie féconde". Une durée de travail moyenne plus faible que les hommes pourrait aussi réduire l’exposition à certains risques professionnels.
la rédaction d'Allodocteurs.fr
[1] L’Insee définit le niveau de vie en fonction de l’ensemble des revenus du ménage, net d’impôt, divisé par le nombre "d’unités de consommation" (liée à la taille et à la composition du ménage : "une unité pour le premier adulte, 0,5 unité pour chaque personne supplémentaire de 14 ans ou plus et 0,3 unité pour chaque enfant de moins de 14 ans").