Projet de loi de santé : journée "santé morte"
Les syndicats de médecins libéraux annoncent pour le vendredi 13 novembre une journée "santé morte", avec fermeture de cabinets, mais aussi des annulations d’interventions chirurgicales. Ils s'opposent depuis plusieurs mois au projet de loi santé mené par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et espèrent une forte mobilisation des professionnels de santé pour ce qu'ils appellent ce "Black Friday".
- Vous n'en êtes pas à votre premier appel à la mobilisation contre le projet de loi de santé. Il est pourtant fort probable que ce projet de loi soit finalement voté à l'Assemblée nationale… Avez-vous encore l'énergie de protester ?
Dr Jean-Paul Ortiz : "Nous avons l'énergie de protester contre ce projet de loi et sa mesure emblématique, le tiers payant généralisé jusqu'à son application, parce qu'unanimement, l'ensemble des syndicats médicaux libéraux ont décidé de ne pas appliquer cette mesure. Il faut que le gouvernement et l'ensemble de la classe politique l'entendent."
- Sur le plan pratique, quelles vont être les conséquences de cette "journée noire" sur les patients ?
Dr Jean-Paul Ortiz : "Notre but, notre cœur de métier, n'est pas de faire grève. C'est de soigner nos patients en toute liberté, en toute indépendance, sans avoir de pression financière. Et ce, en veillant à ce que nos patients conservent la liberté de choix de leur médecin.
"Nous refusons la dérive bureaucratique et administrée de nos métiers, menée selon nous par le projet de loi de santé de Marisol Touraine. Alors demain, il y aura des cabinets médicaux fermés, des interventions chirurgicales décalées. Si les Français ont besoin d'un médecin, il faut impérativement qu’ils appellent d'abord le 15. Mais surtout qu'ils ne se précipitent pas aux Urgences."
- Si le tiers payant généralisé est bien voté par les députés, prévoyez-vous, plus tard sur le terrain, un refus d’appliquer la loi ?
Dr Jean-Paul Ortiz : "Nous refuserons l’application du tiers payant à toute la population. Nous sommes favorables à un tiers payant social, à l’idée de faciliter l’accès à la médecine libérale à des populations y compris défavorisées.
"35% de nos soins sont déjà en tiers payant. Mais nous refusons la mesure systématique du tiers payant généralisé, qui va alourdir notre métier, et qui fait entrer les assureurs complémentaires dans une liaison directe avec les médecins. Il y a là un danger de pression financière, de perte de la liberté, à la fois pour le patient et le médecin.
"Nous n'appliquerons pas le tiers payant généralisé au fur et à mesure de son déploiement. L'ensemble des syndicats médicaux libéraux l'ont dit clairement."