Santé : des citoyens de plus en plus impliqués
Depuis plusieurs années, des membres d'associations sont invités à siéger dans des instances officielles, pour représenter les usagers de santé auprès des pouvoirs publics. Plus récemment, le concept de participation citoyenne s'est développé.
Il n'est plus nécessaire d'appartenir à une association : cette participation est ouverte au simple citoyen. Celle-ci peut prendre des formes très variées. En voici trois exemples :
- Le jury citoyen*
Plusieurs hôpitaux s’y sont mis, comme celui d’Angers. Pour cela, les hôpitaux sélectionnent des citoyens par un institut spécialisé pour aboutir à un panel représentatif de la population qui a recours à l’hôpital.
Ils ont été informés des principaux enjeux pour l’hôpital : financement, continuité des soins, qualité des soins... tout ce que l’on peut imaginer de la vie d’un hôpital. Et ils ont donné leur avis dont les établissements ont pu tenir compte. Seules deux expériences ont déjà eu lieu en France, mais l’idée se diffuse.
- Les ateliers d'expression*
L’Agence nationale pour la performance en santé a tenu sa cinquième université d’été à Tours, fin août, et a, elle aussi, cherché à faire participer les citoyens avec des ateliers d’expression.
Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’un panel représentatif, mais de 70 patients utilisateurs du système de santé, recrutés par le biais d’annonces dans la presse locale.
Durant les deux jours de la manifestation, ils ont participé à des ateliers, on les voit ici sur cette image. Ils ont pu exprimer leurs attentes sur le système de santé et la façon d’améliorer les parcours de soins pour les rendre moins chaotiques.
- Le site Hospitalidée**
Ce site propose, cette fois-ci non plus à quelques citoyens sélectionnés au préalable, de prendre la parole, mais à tous les citoyens. La plateforme offre ainsi la possibilité à tout citoyen de poster un avis sur son séjour hospitalier.
L’initiative a été lancée en plein été par Loïc Raynal, un Toulousain, et le site a enregistré jusqu’à 250 avis par jour (le risque de faux avis, comme sur certains sites de notation d’hôtels, n’est toutefois pas totalement écarté [1]). De telles initiatives, qui visent à faire évoluer l’hôpital public, intéressent les directeurs d’établissements. C’est le cas en Grande-Bretagne où, pour les cinq années à venir, l’avis des citoyens a été mis au coeur de la stratégie de modernisation du système de santé britannique.
Il est probable que ces nouveaux modes de "démocratie sanitaire" se généralisent. D’ailleurs, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé cet été un débat public sur la vaccination d'ici la fin de l’année. Espérons que les personnes à l’initiative de ces formes participatives ne les confondent pas avec une stratégie média - un simple plan com’, sans avoir jamais l’intention de tenir compte des avis recueillis…
*Initiative publique
**Initiative privée
[1] Cependant, sur Hospitalidée, il y a deux façons de poster un avis : une façon brève, l'avis "flash", où le citoyen suit une trame préétablie et l’avis long où le patient à la main pour détailler ce qui a bien fonctionné ou ce qui s’est mal passé. On constate qu’il y a plus d’avis longs que d’avis standardisés : or, les avis "bidonnés" sont souvent générés sous forme brève par des logiciels automatiques. L’initiateur de ce site cherche actuellement une solution pour "certifier" les avis : ce pourrait être en joignant un document remis lors du passage à l’hôpital, à condition que cela n’enfreigne pas la réglementation sur le secret médical.