Une greffe de foie exceptionnelle à partir d'un donneur vivant
En janvier 2015 au CHU de Rennes, une mère a donné un quart de son foie à son fils d'une trentaine d'années. Les dons hépatiques de si petite taille sont rares, d'autant plus que la donneuse était vivante. Si cette pratique reste minoritaire en France, elle concerne pourtant 95% des dons de foies au Japon ou en Corée.
Les chirurgiens du service de chirurgie hépatobiliaire et digestive du CHU de Rennes ont réalisé "une intervention exceptionnelle en prélevant et en greffant seulement un quart de foie pour sauver un jeune patient atteint d’une tumeur cancéreuse", indique l'établissement dans un communiqué le 16 avril. L'exploit tient particulièrement à la faible quantité de foie utilisée. Habituellement, "la moitié du foie est prélevée pour être greffée" explique les chirurgiens, alors que cette fois-ci il n'a suffit que d'un quart de l'organe.
Le foie a la particularité de se régénérer spontanément, ce qui explique que les chirurgiens ne soient pas obligés de prélever l'organe en entier. Après l'opération, du coté du donneur, comme du receveur, le foie deviendra parfaitement fonctionnel en se reformant spontanément.
Le greffon avait été prélevé, en janvier 2015, sur la mère du patient atteint d'une maladie chronique et rare détruisant progressivement son foie et favorisant l'apparition de cancers. Le prélèvement d'une partie plus importante du foie de la donneuse aurait mis la santé de cette dernière en danger, explique le CHU. Le patient ainsi que sa mère se remettent bien de l'opération menée par le Pr Karim Boudjema, et qui a nécessité cinq heures d'intervention pour le prélèvement de l'organe et sept pour la greffe.
Le prélèvement sur donneur vivant, une opération rarissime
Ce type d'opération, sur donneur vivant, est "rare en France où la quasi-totalité des greffes se font à partir d'organes prélevés sur des personnes décédées", relève également le CHU. La greffe de foie sur donneur vivant est, en effet, très peu développée en Europe et aux Etats-Unis. C'est pourtant une pratique très répandue en Asie (Japon, Corée du Sud), où elle représente 95% de l'ensemble des greffes hépatiques. Néanmoins, l'intérêt d'un prélèvement sur donneur décédé est que le foie peut être divisé et transplanté à plusieurs malades.
Selon un rapport 2013 de l'Agence de la biomédecine, "l’activité cumulée de greffe hépatique est de 22.157, dont 459 greffes réalisées à partir de donneur vivant depuis 1998", soit à peine 2%. La même année, seuls 13 greffons de foie avaient été prélevés sur des donneurs vivants.