Contraception définitive Essure : des patientes alertent sur les risques
Un groupe de femmes réclame le retrait du marché du dispositif de stérilisation définitive Essure qu'elles estiment dangereux. L'Agence nationale de sécurité des médicaments, qui a placé ce dispositif sous surveillance, affirme ne pas avoir identifié d'élément remettant en cause "la balance bénéfice/risque".
Cela fait quatre ans que Marielle Klein, mère de cinq enfants, a décidé d'opter pour une méthode de contraception définitive. Sa gynécologue lui propose alors le dispositif Essure. Autorisé en France depuis 2003, il consiste en la pose d'un micro-implant (un "stent occlusif") qui entraîne l'obstruction des trompes en provoquant une inflammation locale. L'intervention, qui dure une trentaine de minutes, ne nécessite ni hospitalisation, ni anesthésie, ni incision et n'occasionne aucune cicatrice. Une technique simple qui a convaincu Marielle.
Elle est d'abord très satisfaite du résultat, mais au bout d'un an, des douleurs inexpliquées surviennent : "J'ai eu le côté du visage qui a commencé à enfler, des douleurs indescriptibles… J'ai commencé à avoir des règles très abondantes et l'enfer a commencé", confie Marielle. Ses douleurs sont si intenses que la mère de famille est obligée de rester couchée des journées entières. Mais aucun médecin ne semble comprendre les causes de ses symptômes. C'est sur Internet que Marielle découvre qu'elle n'est pas un cas isolé : aux Etats-Unis, en Espagne, aux Pays-Bas, des centaines de femmes qui ont eu recours à cette technique témoignent d'effets indésirables.
Marielle décide alors de créer un site Internet et de lancer une pétition adressée au ministère de la Santé. Objectif : recenser et rassembler les victimes pour attirer l'attention sur les dangers de ce dispositif. "Il y a des femmes qui supportent bien le dispositif pour l'instant mais sur le long terme, on ne sait pas du tout ce que ça va donner donc il est important que les médecins soient informés de ce que cet implant nous fait subir au quotidien", estime Marielle.
Des effets indésirables à relativiser pour les gynécologues
Face à l'émergence de cette polémique, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), n'a pas tardé à se positionner. Dans un communiqué, son président, Bernard Hédon, met en garde les médecins : "Il ne serait pas justifié de se laisser envahir par des craintes excessives et de bannir cette technique de stérilisation", peut-on lire. Selon le Pr Hervé Hernandez, gynécologue-obstétricien et représentant du CNGOF, le dispositif Essure ne peut être tenu pour responsable des effets indésirables décrits pas ces patientes. "Il faut comprendre que certains contraceptifs classiques vont masquer un certain nombre de symptômes pour les femmes. Quand on les arrête, va réapparaître ce que la nature avait programmé, c'est-à-dire des saignements inopinés, une impression de mal-être juste avant les règles…" explique-t-il. Quant aux autres symptômes, de type fatigue, troubles oculaires ou musculaires, ils seraient selon ce spécialiste d’ordre psychologique.
Des arguments difficiles à entendre pour les patientes qui s'estiment victimes de ce dispositif et dont le nombre ne cesse d'augmenter : le groupe Facebook est composé de 430 membres et la pétition a déjà recueilli plus de 1.000 signatures. Ces femmes envisagent de poursuivre le fabricant. "Les deux principales difficultés qui émergent aujourd'hui ce sont les effets indésirables qui sont parfois très graves mais surtout le manque d'information : toutes ces femmes n'ont pas été informées des risques potentiels liés à ce dispositif médical et c'est un des arguments pour engager la responsabilité du laboratoire", affirme Me Charles Joseph-Oudin, avocat à la Cour.
Dans un point d'information publié il y a quelques jours, l'Agence nationale de sécurité du médicament des produits de santé (ANSM) affirme qu'"à ce jour (elle) n'a pas identifié d'élément remettant en cause le rapport bénéfice/risque de ce dispositif". Elle rappelle néanmoins que la pose de ce dispositif doit s'accompagner de certaines précautions, et d'une information complète des patientes sur les risques éventuels.