La santé du président : encore un tabou ?
Avec Georges Pompidou et François Mitterrand, la santé du président de la République est devenu un sujet sensible. Pour tous les candidats, la transparence sur l'état de santé du chef de l'Etat ne doit porter que sur les informations ayant un impact direct sur la fonction présidentielle. Pour le reste, le secret médical du président doit être respecté, comme pour tous les autres citoyens.
En 1974, les Français ont découvert la maladie de Georges Pompidou, à sa mort, alors qu'il souffrait de la maladie de Waldenstrom, un cancer de la moelle osseuse, depuis 1969. Et François Mitterrand a caché son cancer de la prostate pendant huit ans, tout en publiant régulièrement de faux bulletins de santé.
Cette absence de transparence et la fonction centrale du président dans les institutions de la Vème République ont fait de la santé du chef de l'Etat un sujet particulièrement délicat. Mais qu'en pensent les candidats à la présidentielle 2012 ?
La rédaction du Quotidien du médecin a posé cinq questions à onze candidats. Seul Dominique de Villepin (République Solidaire) n'a pas souhaité répondre. L'interview porte sur la santé actuelle des candidats, leur opinion sur la publication ou non d'un bulletin de santé du Président, et leur promesse de transparence s'ils sont élus le 6 mai prochain.
Cinq questions à onze candidats
Pour Nicolas Sarkozy, "le secret médical ne peut être absolu" pour le chef de l'Etat. Toutefois, tant que le président de la République est en capacité de remplir les tâches de sa fonction, "les Français n'ont pas besoin d’avoir accès à l’ensemble de son dossier médical". Il affirme qu'il continuera à publier chaque année son bulletin de santé, comme il l'a fait durant son quinquennat (NDLR : aucun bulletin n'a été publié en 2008, les examens médicaux réalisés sont des examens cardio-vasculaires et sanguins, épreuve d'effort).
François Hollande assure que s’il est élu, il publiera un bulletin de santé régulier, tout en respectant "(son) intimité". Dans l'interview, il raconte qu’il a souscrit à un prêt pour financer sa campagne électorale, et qu’il a "passé une visite médicale très complète pour fournir toute garantie".
Idem pour François Bayrou qui assure qu'il publiera un bulletin de santé s'il est élu, et que ses derniers résultats d'examens médicaux sont bons.
Pour Marine Le Pen, "la santé du président de la République devient un élément du débat public dès lors qu’une pathologie particulièrement grave. En dehors de cette limite, les questions de santé relèvent de la vie quotidienne et de la vie privée". Elle s’engage à passer cet examen, si elle est élue, auprès d'un collège de médecins nommés par le conseil de l'Ordre.
Eva Joly reste très discrète sur son état de santé, considérant qu'il n'y a aucune information qu'elle juge utile à la qualité du débat présidentielle. Pour elle, le problème n’est pas la publication ou non du bulletin de santé du président de la République, mais "la place prééminente et totalement excessive" du chef de l'Etat, c’est pour cela qu'elle propose un pouvoir exécutif partagé.
Jean-Luc Mélenchon se réjouit de sa bonne forme : "Mon médecin se félicite de mes performances : je suis en parfait état de santé". Pour le candidat du Front de gauche, le problème se situe sur "la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme"".
Les interviews sont disponibles pour les abonnés sur le site du Quotidien du médecin.
Que dit la Constitution ?
Aucun texte n'oblige le chef de l'Etat à communiquer sur ce thème. En cas d'empêchement, soit lorsqu'il n’est plus en mesure d'exercer son mandat, le chef du gouvernement doit saisir le Conseil constitutionnel.
Selon Le Quotidien du médecin, la majorité des candidats jugent que les dispositions constitutionnelles concernant les procédures d'empêchement pour raison de santé sont satisfaisantes et ne nécessitent pas d'être réformées.
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