Pénurie de Lévothyrox : des mesures pour assurer la continuité des traitements
Face à des difficultés d'approvisionnement apparues en juin, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé, vendredi 9 août 2013, une série de mesures destinées à assurer la continuité des traitements des quelque 3 millions de patients prenant du Lévothyrox® en France. Ce médicament reste indispensable dans le traitement de diverses pathologies de la thyroïde.
La pénurie de Lévothyrox® dans les pharmacies a conduit l'Association des malades de la thyroïde (AFMT) à envoyer en début de semaine une lettre à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. "Jamais nous n'aurions cru cette situation possible en France", écrit l'association dans sa lettre, alors que les pharmacies éprouvent depuis le mois de juin 2013 des difficultés à s'approvisionner auprès du fabricant, la laboratoire Merck Serono.
En réponse à cet appel, la ministre de la Santé a assuré qu'aucune rupture d'approvisionnement n'avait été observée "même si quelques difficultés locales de disponibilité sont décrites". "Le stock de sécurité n'a pas été utilisé à ce jour", a-t-elle ajouté.
Toutefois, face à de réelles difficultés d'approvisionnement, liées à un problème de conditionnement du médicament, des mesures ont été prises pour assurer la continuité des traitements.
Le Lévothyrox®, irremplaçable ?
L'ANSM a décidé d'autoriser "à titre dérogatoire et temporaire" les pharmaciens à remplacer le Lévothyrox® par un médicament similaire alors même que la mention "non substituable" figure sur l'ordonnance du patient.
Elle a également décidé d'imposer un contingement à la distribution des stocks disponibles pour "assurer une répartition équitable sur tout le territoire" et autorisé le laboratoire Merck Serono, qui produit le Lévothyrox®, à importer d'Italie "une spécialité équivalente qui sera disponible gratuitement dans les prochains jours".
Le Lévothyrox® (ou levothyroxine) est une hormone thyroïdienne qui remplace la thyroxine naturelle lorsque celle-ci n'est plus secrétée en quantité suffisante, essentiellement en cas d'hypothyroïdie ou d'ablation de la thyroïde, suite à un cancer. Elle est également utilisée dans le traitement de certains goitres.
Une difficile substitution
Le Lévothyrox® est l'un des très rares médicaments "à marge thérapeutique étroite", dont la substitution par un générique n'était jusqu'à présent pas recommandée par les autorités sanitaires, toute variation de sa concentration dans l'organisme, même légère, pouvant entraîner des effets indésirables.
L'ANSM a reconnu vendredi que la substitution pouvait entraîner "un déséquilibre transitoire" (diminution ou augmentation) des taux d'hormones thyroïdiennes et invité les patients à voir leur médecin traitant dans les 3 à 6 semaines suivant la délivrance du produit qu'il "s'assure du maintien de l'équilibre thérapeutique".
Parmi les symptômes, l'agence cite une fatigue inhabituelle, une constipation et une sensation de ralentissement en cas de dosage insuffisant et des palpitations et une tachycardie en cas de taux trop élevé.
L'ANSM conseille enfin aux patients d'anticiper de quelques jours leur passage chez le pharmacien afin que ce dernier puisse commander le traitement, dans le cas où il ne l'aurait pas en stock.
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