Un nouveau médicament coupe-faim autorisé aux Etats-Unis
Pour la première fois depuis longtemps, un nouveau produit, appelé le Belviq®, vient d’être commercialisé par l'Agence américaine des médicaments (FDA). Cet anorexigène ne pourra être prescrit que chez les personnes obèses. Une demande d'autorisation de ce coupe-faim a déjà été adressée à l'Agence européenne du médicament.
Plus d'un tiers des adultes sont obèses aux Etats-Unis, selon les centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Or depuis 13 ans, aucun nouveau médicament coupe-faim, destiné à la prise en charge de l'obésité, n'avait été autorisé sur le marché mondial après la découverte d'effets secondaires graves des traitements du même type.
Pour la première fois depuis longtemps, un nouveau produit, appelé le Belviq®, vient d’être commercialisé par l'Agence américaine des médicaments (FDA).
La molécule, le lorcaserin, avait reçu une autorisation de prescription depuis 2000, mais celle-ci était assez restrictive. En 2010, un comité d'experts indépendants s’était opposé à la mise sur le marché de ce médicament, au vu des études révélant la formation de cancers du sein chez les rats. Aujourd'hui, ce même comité a tranché en faveur de la mise sur le marché du Belviq®.
Conditions de prescription : avoir un IMC supérieur à 30
Désormais en vente outre-atlantique, cet anorexigène ne pourra être prescrit que chez les personnes obèses dont l'indice de masse corporelle est supérieur à 30 ou à 27 pour des personnes souffrant d'une pathologie liée au surpoids, telle que l'hypertension, le diabète de type 2 ou le cholestérol élevé.
Le Belviq® agit sur un récepteur de la sérotonine - qui régule plusieurs fonctions physiologiques dont l'appétit - dans le cerveau. Cette action du médicament sur les récepteurs de la sérotonine est équivalent à l'action de certains antidépresseurs. Des risques cardiaques liés à ce produit ne seraient donc pas exclus. L'Agence américaine des médicaments a d'ailleurs exigé que le laboratoire, Arena Pharmaceuticals, réalise six études cliniques après la mise sur le marché pour évaluer le risque cardio-vasculaire.
La FDA précise que le traitement doit être arrêté si 5 % du poids n'a pas été perdue au bout de douze semaines.
Efficacité modérée
Sur les 8 000 patients de l'essai, l'utilisation du Belviq® pendant une période allant jusqu'à un an a entraîné une perte de poids moyenne de 3 à 3,7 %. L'efficacité du produit est donc modérée. Environ 47 % des participants ont perdu au moins 5 % de leur poids contre 23 % de ceux traités avec un placebo.
Le Pr. Patrick Tounian, nutritionniste à l'hôpital Armand-Trousseau à Paris, estime que "ce médicament est loin d'être révolutionnaire. La molécule - le lorcaserin – qui est un dérivé des amphétamines dont les effets sont d'inhiber l'appétit et d'augmenter la dépense énergétique est bien connue. Non seulement elle est dans la même lignée que les précédentes molécules retirées du marché comme la sibutramine ou le rimonabant, mais son degré d'efficacité est en plus assez faible."
Dans le cas de la sibutramine, cinq cas graves de complications cardiovasculaires et un décès avaient été rapportés en France avant que la molécule ne soit finalement retirée en 2010. Pour ce qui est du rimonabant, sur les 220 000 à 240 000 personnes qui en avaient pris, 385 cas de troubles dépressifs avaient été répertoriés, dont 125 graves.
Depuis l'affaire du Mediator, détourné et prescrit en coupe-faim, les médicaments anti-obésité sont dans le collimateur en France. Pourtant une demande d’autorisation du Belviq® a été adressée à l'Agence européenne du médicament (EMA).
"Il faut toujours bien évaluer le rapport entre le bénéfice et les risques pour la personne obèse, car ce médicament, bien que peu novateur, renvoie à tous les précédents médicaments retirés du marché et à leurs contre-indications", insiste le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste, qui doute d'une éventuelle arrivée du Belviq® sur le marché français.
En savoir plus
Sur Allodocteurs.fr :
Et aussi :
- Le Figaro.fr
- "Nouvelle pilule anti-obésité : interrogations sur les risques", par Martine Perez, le 28 juin 2012.
- Food and Drug Administration (FDA)
- "FDA approves Belviq to treat some overweight or obese adults", 27 juin 2012.