Le logo nutritionnel au bon vouloir des industriels
La ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé dans un communiqué la mise en place, dès le mois d'avril, d'un étiquetage nutritionnel à cinq couleurs. C'est toutefois sur la base du volontariat que les industriels apposeront ces informations sur les emballages.
Depuis septembre 2016, plusieurs dizaines de supermarchés participent à une étude du gouvernement comparant quatre systèmes d'étiquetage nutritionnel simplifié. Le but : déterminer quel logo est le plus efficace pour inciter les consommateurs à acheter des produits de meilleure qualité nutritionnelle.
"La première question [...] était de savoir si [...] des systèmes d’étiquetage nutritionnel simplifié étaient susceptibles d’entraîner des modifications dans les comportements d’achat des consommateurs. La réponse est clairement oui", indique le ministère de la Santé dans un communiqué, précisant que le logo Nutri-Score, à cinq couleurs, était le plus efficace des quatre, notamment chez les consommateurs achetant les produits les moins chers.
Sur la base du volontariat
Ce logo nutritionnel, qui sera défini par un arrêté en avril, ne sera cependant pas obligatoire. "Chaque État européen a une certaine marge de manœuvre pour mettre en place un étiquetage nutritionnel facultatif, basé sur le volontariat", explique Chloé Stevenson, de l'ONG de défense des consommateurs Food Watch France. Mais pour que l'étiquetage nutritionnel soit efficace, il y a deux critères essentiels : qu'il soit obligatoire et qu'il soit apposé sur l'avant de l'emballage."
Alors que la ministre de la Santé Marisol Touraine indique, dans une interview au Parisien, compter "sur la pression des consommateurs, qui demandent à être informés, pour que les industriels s'engagent dans cette voie", Food Watch France objecte : "Nous pensons que c'est aux responsables des pouvoirs publics de mettre cela à l'agenda européen" afin que la réglementation soit changée en vue d'un affichage obligatoire.
Le poids des lobbies
"Il est regrettable que de l'argent public soit investi pour des expérimentations douteuses. L'intention est louable mais il y a des intérêts financiers énormes en jeu, non compatibles avec l'intérêt des consommateurs", dénonce Chloé Stevenson, indiquant qu'en 2011, un lobbying massif avait déjà été mis en place pour éviter un étiquetage nutritionnel obligatoire au niveau européen. "1 milliard d'euros, du propre aveu des industriels", précise-t-elle.
Par ailleurs, l'Ania (Association nationale des industries alimentaires), qui s'était opposée dès 2015 à la mise en place du Nutri-Score, est membre de FoodDrinkEurope, une des organisations lobbyistes les plus importantes, au niveau européen, de l'industrie agroalimentaire.