Anna, infirmière libérale : "Ils vont arriver à dégoûter les soignants"
Entre visites à domicile et consultations au cabinet, le quotidien d'Anne Costerousse, infirmière libérale dans le Cantal est bien rempli. Et sa rémunération n'est pas à la hauteur de l'investissement humain et de son rythme effréné.
Anna Costerousse se lève tous les jours à 5h30 du matin, pour rendre visite à ses patients isolés. "C'est parti pour la journée, il est 5h40, je vais devoir être chez la patiente à 6h. Le temps de prendre un petit café, il faut être prêt ! Donc il faut se lever de bonne heure... et de bonne humeur, si possible !" témoigne-t-elle.
200 km par jour pour 30 patients isolés
Il y a quatre ans, elle a quitté l'hôpital et son service de réanimation à Clermont-Ferrand pour s'installer comme infirmière libérale à la campagne. Elle va faire 200 km dans la journée pour voir une trentaine de patients isolés. "Il y a beaucoup de personnes âgées dans ces petits villages, de moins en moins mais il en reste", confie-t-elle. "Parfois, il y a des personnes, qui ne voient, hormis le facteur, que l'infirmière une fois par semaine. On est ce lien".
6 euros par prise de sang, sans les charges
Une fois ses visites à domicile terminées, Anna poursuit sa journée au cabinet. Elle n'a qu'une heure pour voir tous ses patients. Alors elle va piquer à la chaîne. C'est une question de temps, et d'argent : "le tarif d'une prise de sang au cabinet, sans déplacement, c'est 6,08 euros, sans les charges qu'on déduit de moitié".
"Ils vont arriver à dégoûter les soignants. Au bout d'un moment, je veux bien aimer mon métier mais on devient désespérés. Jusqu'où on va aller ?" s'interroge l'infirmière.
"Déjà qu'on n'a plus qu'un docteur dans le coin, alors si on plus on n'a plus d'infirmière, ça devient compliqué", s'inquiète Jean-Luc, un des patients d'Anna.
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