Actes médicaux : très cher hôpital…
Pour un même acte médical, les frais sont en moyenne deux fois plus élevés à l'hôpital qu'en clinique privée. C'est ce que révèle un rapport de l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH).
2.115 euros pour une prise en charge dans un hôpital public contre 1.204 euros dans une clinique privée. Les chiffres proviennent de l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation, qui dans un rapport décortique le coût des prises en charge, à l'hôpital et en clinique, des actes de médecine, de chirurgie et d'obstétrique (MCO) en 2012. Objectif : fournir un panorama des coûts de prise en charge dans les établissements de santé français en 2012 et leur évolution depuis 2010.
Actes techniques, médicaments, honoraires des médecins ou encore coût du personnel, toutes ces données ont été prises en compte dans les calculs de l'agence. Et dans la majorité des cas, la prise en charge s'avère plus élevée dans le public. Avec des chiffres qui vont parfois du simple au double. En chirurgie, par exemple, une hospitalisation pour "sévérité lourde" coûte environ 16.500 euros à l'hôpital alors qu'elle n'est que de 8.000 euros en clinique.
Cet écart de prix n'est pas une surprise pour Grégoire de Lagasnerie, économiste de la santé : "A l'hôpital, explique-t-il, le plateau technique est plus complet et les cas sont plus diversifiés alors que dans une clinique, tout est programmé à l'avance et il n'y a donc pas de traitement en urgence". Dans le privé, le phénomène de spécialisation contribue aussi à l'abaissement de ces coûts, poursuit l'économiste. "Dans une clinique, un spécialiste peut opérer "à la chaîne" avec un plateau technique très spécialisé, ce qui permet à l"établissement de rentrer dans ses frais".
Harmoniser les tarifs entre public et privé
Ces données compilées par l'ATIH ont pour but d'étudier les différences de tarification entre public et privé en vue de les harmoniser.
Jusqu'en 2003, les établissements de santé connaissaient des modes de financements différents selon leur nature juridique. Aujourd'hui, pour chaque acte médical, qu'il soit pratiqué dans le public ou dans le privé, il existe une tarification nationale unique : la tarification à l'activité (T2A) qui constitue le mode unique de financement pour les activités de médecine, chirurgie et obstétrique des établissements publics et privés. Objectif : mieux contrôler les différents financements des établissements de santé, et pouvoir comparer les coûts entre le secteur privé et le public.
Cette politique vise à assurer l'équité dans le financement des établissements de santé : une pathologie = un tarif unique. Elle incite également les hôpitaux et les cliniques à maîtriser davantage leurs coûts, par une meilleure organisation ainsi qu'une recherche d'efficience.
C'est là où l'hôpital public pèche. Malgré cette maîtrise souhaitée des dépenses, les tarifs des actes restent plus élevés que dans le privé.
La chirurgie ambulatoire, une solution ?
De plus en plus, la recherche d'efficacité et de rentabilité pousse les hôpitaux, comme les cliniques, à se tourner vers la chirurgie ambulatoire, qui coûte aujourd'hui globalement moins chère.
En chirurgie, une prise en charge en ambulatoire à l'hôpital coûte environ 1.315 euros alors qu'une hospitalisation pour "sévérité lourde" peut aller jusqu'à 16.500 euros.
En France ce taux de chirurgie ambulatoire s'élève à 42,3% des prises en charge, les cliniques assurant près de 70% des séjours ambulatoires.