''Bébés sumos'' : de plus en plus gros à la naissance ?
Des bébés dodus à ravir les grands-mères. Mais des bébés dont le poids ne concorde plus avec la taille. De plus en plus de bébés en surpoids voient le jour au Royaume-Uni. L'obésité de la mère a été mis en cause par le Forum anti-obésité britannique.
Ils ne sont ni lutteurs ni Japonais. Les "bébés sumos", baptisés ainsi outre-Manche en raison de leur surpoids à la naissance, sont de plus en plus nombreux au Royaume-Uni. Le nombre de nourrissons de plus de 5 kg augmente en effet significativement.
En 2013, alors que la moyenne britannique était de 3,4 kg, un tiers des centres hospitaliers ont mis au monde des bébés pesant plus de 5,4 kg.
S'il est encore trop tôt pour parler de phénomène, Tam Fry, porte-parole du Forum anti-obésité (National Obesity Forum), a néanmoins souligné que le nombre de bébés sumos avait "augmenté de manière régulière avant de réellement commencer à exploser au cours de la dernière décennie."
Le poids de la mère en cause
Les médecins et les spécialistes sont formels : le poids de la mère est déterminant dans le cas de surpoids d'un nourrisson. Le Dr Marie-Claude Benattar, gynécologue au centre hospitalier des Quatre Villes en région parisienne, surveille attentivement le poids de ses patientes avant et pendant la grossesse.
Le test HGPO (hyperglycémie provoquée par voie orale) permet de mesurer le taux de glucose chez la mère et de dépister les risques de pré-diabète chez l'enfant. Il n'est réalisé que s'il y a un facteur de risque de présenter un diabète gestationnel (un âge supérieur à 35 ans, un indice de masse corporelle de plus de 25, un antécédent personnel ou familial vis à vis du diabète, un poids élévé des enfants nés précédemment, un hydramnios - quantité trop importante de liquide amniotique, etc).
"Il y a aussi des bébés sumos en France. Grâce au test, on peut réagir à temps et réduire le risque de faire naître un bébé en surpoids."
Les cas de diabète gestationnel, lorsque la mère n'est déclarée diabétique que pendant sa grossesse, sont également à surveiller. "Le diabète disparaît à la naissance, explique le nutritionniste Arnaud Cocaul. Le risque, c'est de faire naître un enfant qui a baigné jusque là dans le sucre."
Pour lui, l'équation est simple. Si une future mère un peu maigre peut se permettre de prendre quelques kilos, une femme en surpoids ou obèse ne doit pas prendre de poids pendant sa grossesse. Et s'il faut prendre en charge un nourrisson de plus de 4 kg dès la naissance, c'est parce qu'il se trouvera dans sa vie plus exposé à des risques cardio-vasculaires, d'obésité ou de diabète.
Éducation familiale
"Les femmes ne prennent plus le temps de confectionner des repas, avance Marie-Claude Benattar. Les plats préparés sont salés, sucrés, gras. Tout dépend de l'éducation alimentaire des parents."
Face à deux parents en surpoids ou obèses, le Dr Arnaud Cocaul se veut rassurant. "Ils ne doivent pas baisser les bras. La prévention et l'éducation alimentaire au sein de la famille permettent de réduire le risque d'avoir un enfant lui-même en situation de surpoids".
Les habitudes alimentaires des populations migrantes, récemment arrivées en France, doivent également faire l'objet d'une attention particulière. "Il y a discordance entre leur nourriture traditionnelle, qu'ils mangent à la maison, et la nourriture occidentale, qu'ils mangent à l'extérieur", prévient le Dr Arnaud Cocaul.
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