Ben Laden, l’authentification du corps en question
L’annonce cette nuit par le gouvernement américain de la mort d’Oussama Ben Laden, suite à une attaque ciblée, soulève des questions sur les conditions d’identification d’un cadavre. Pour nous éclairer sur le sujet, nous avons posé trois questions à Christine Keyner, expert judiciaire en identification génétique à l’Institut médico-légal de Strasbourg.
- Quelles sont les différentes méthodes pour authentifier avec certitude un cadavre ?
Christine Keyser : "Généralement, on a recours à l'empreinte génétique pour identifier un corps. On utilise alors un ADN de référence pour comparer avec les séquences d'ADN du défunt.
"L'ADN de référence, est parfois stocké dans une banque de données (fichier de la police judiciaire, par exemple), mais il est le plus souvent soit prélevé sur des membres directs de la famille, à savoir parents ou enfants, soit sur un objet ayant formellement appartenu au défunt (une brosse à dent, par exemple). Cette méthode d'authentification est fiable à 100 %."
- Combien de temps peut prendre cette identification ?
Christine Keyser : "Les analyses de séquences ADN prennent du temps. L'identification peut se réaliser au mieux, dans un délai compris entre 24 heures et 48 heures. Je n'ai jamais vu une authenitification à l'aide d'empreintes génétiques se faire plus rapidement.
"Dans le cas de la mort d'Oussama Ben Laden, l'identification a été très rapide puisque le corps a été inhumé moins de 24 heures après le communiqué..."
- Comment pouvoir être sûr que le cadavre en question soit bien celui de Ben Laden ?
Christine Keyser : "Là c'est plus compliqué... Les Americains n'ont sûrement pas eu recours à l'empreinte ADN pour l'identifier. Dans la mesure ou le corps est bien conservé, il est possible de l'authentifier à l'aide des traits spécifiques ou marques sur le corps du défunt (tatouage, cicatrices, etc.).
"Dans ce cas précis, on fait généralement intervenir des membres de la famille pour réaliser une reconnaissance du corps. Ce qui est certain c'est que du fait de sa "notoriété" le cas de Ben Laden est très spécifique."
Propos recueillis par Maxime Vautier, le 2 mai 2011