Chirurgie de l'obésité : toujours plus d'interventions non-réversibles
De 2006 à 2013, le nombre d'interventions chirurgicales bariatriques - c'est-à-dire pour lutter contre l'obésité - a triplé. Alors qu'elles concernaient moins de 15.000 patients en 2006, les dernières données disponibles permettent d'estimer ce chiffre à 44.000. Mais alors que 80% des opérations consistaient, il y a sept ans, en une pose d'anneau gastrique (une technique réversible), sleeves et by-pass (tous deux non-réversibles) tiennent aujourd'hui le haut du pavé, représentant 85% des actes.
A qui s'adresse la chirurgie bariatrique ?
En France, la chirurgie bariatrique fait partie de la stratégie de prise en charge de l'obésité chez l'adulte, en seconde intention, "après échec d'un traitement médical, nutritionnel, diététique et psychothérapeutique bien conduit pendant au moins 6 mois", comme le rappelait en février 2013 l'Assurance Maladie.
La Haute Autorité de Santé (HAS) a émis en 2009 des recommandations de bonne pratique pour cette prise en charge chirurgicale. Ces interventions sont, dans le principe, réservées :
- aux patients avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 40 kg/m2 ;
- aux patients avec un IMC supérieur ou égal 35 kg/m2 associé à au moins une autre pathologie associée, susceptible d'être améliorée après la chirurgie (hypertension artérielle, apnées obstructives du sommeil, troubles respiratoires sévères, diabète de type 2, maladies ostéo-articulaires invalidantes, stéatohépatite non alcoolique…).
La HAS insistait alors sur la nécessité d'une information préablable des patients, notamment concernant la nécessité d'un suivi médical et chirurgical à long terme à l'issue de l'intervention (et, dans le cas de certaines chirurgies non-réversibles, de la nécessité d'une supplémentation alimentaire à vie pour éviter carences vitaminiques ou nutritionnelles).
Quelles sont les méthodes existantes ?
La chirurgie de l'obésité recouvre trois types d'opérations différentes. La plus connue est l'anneau gastrique, qui consiste à réduire la taille de l'estomac grâce à un anneau en silicone ajustable placé autour de la portion supérieure de l'estomac, ce qui permet de séparer l'estomac en deux parties inégales. Après l'opération, lors des repas, l'effet de satiété arrive beaucoup plus vite.
Autre technique, le sleeve, qui consiste à retirer une grande partie de l'estomac pour former un tube. Les aliments vont d'abord être ralentis pendant leur passage dans le tube, puis ils seront évacués très rapidement dans l'intestin grêle. Et pour finir le by-pass, qui consiste également à réduire le volume de l'estomac, mais aussi à modifier le circuit alimentaire. Les aliments ne passent plus par l'estomac et la partie supérieure du tube digestif, ils vont directement dans la partie moyenne de l'intestin grêle, ce qui permet de réduire l'ingestion des aliments par l'organisme.
2006-2013 : l'explosion de la chirurgie non-réversible
Entre 2006 et 2014 s'est opéré un véritable "boom" des techniques chirurgicales non-réversibles. Comme le rappelait le rapport de l'Assurance maladie en 2013, de nombreuses études soulignent la plus grande efficacité des techniques irréversibles, en termes "d'amélioration, voire de guérison, des différentes comorbidités (en particulier du diabète)", et "d'amélioration de qualité de vie", ce qui pourrait expliquer cet essor.
Toutefois, ces trois types d'opération ne sont pas également pratiqués sur le territoire. Les très grandes disparités observées pose, selon l'Assurance maladie, "la question de la pertinence des indications chirurgicales, au regard de la situation clinique des patients."
A noter que les régions où la chirurgie bariatrique est la plus pratiquée ne sont pas toujours celle où l'obésité est la plus importante. Ce second fait interroge donc, là encore, "sur la pertinence du recours à la chirurgie bariatrique" sur le territoire.