Des talons aiguilles et des autruches pour faire avancer les prothèses de jambes
Des observations du mécanisme de la marche chez les femmes en talons aiguilles et chez les autruches pourraient permettre la conception de prothèses de jambes plus maniables et plus légères.
La structure du pied humain est telle que tout l'effort passe par la cheville lorsque la plante du pied est posée sur le sol. Ceci réduit la fatigue musculaire au cours des différentes phases de la marche. Mais dans le cas d'une prothèse, il n'y a pas d'économies d'énergie à faire, il n'y a donc aucun intérêt à ce que le mécanisme soit forcément identique au pied humain.
Après avoir étudié la marche chez les bipèdes, des chercheurs du Royal Veterinary College britannique ont conclu qu'un pied humain chaussé de talons aiguilles exerce la même force sur le sol qu'un pied d'autruche, malgré leurs différencess de fonctionnement. En conclusion, l'imitation de la mécanique complexe de la jambe humaine n'est pas forcément la meilleure solution pour fabriquer des prothèses maniables.
"Si vous voulez faire une bonne prothèse de pied, mais que vous vous fichez de l'allure qu'il aura, il faut mettre le moteur, dans le cas présent, la cheville, aussi haut que possible sur la jambe. De cette façon, il peut fournir l'énergie sans alourdir le pied et sans le rendre difficile à basculer en avant ou en arrière", explique le Dr Jim Usherwood, chercheur du Wellcome Trust qui a dirigé l'étude.
C'est le niveau de l'amputation qui va déterminer la forme la plus adaptée de la prothèse. Les personnes amputées de la partie infèrieure de la jambe peuvent être à l'aise avec des prothèses imitant le pied humain. Dans le cas d'une amputation au dessus du genou, les prothèses classiques sont lourdes et peu maniables. Pour ces personnes, le Dr Usherwood explique qu'il serait plus efficace de les équiper de "pied d'autruche fixé au bout d'une jambe ultra légère".
Source : "The human foot and heel–sole–toe walking strategy: a mechanism enabling an inverted pendular gait with low isometric muscle force?", Journal of the Royal Socieety, 9 mai 2012, doi: 10.1098/rsif.2012.0179.
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