Espoirs déçus d'un anticancéreux dans le traitement de la maladie d'Alzheimer
Une étude, présentée comme une avancée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, avait suscité beaucoup d'espoir lors de sa publication en 2012. Elle montrait les effets positifs d'un traitement anticancéreux sur des souris de laboratoire. Mais quatre équipes de chercheurs internationaux ont annoncé, le 24 mai 2013, ne pas avoir réussi à en reproduire les résultats.
En février 2012, une équipe de chercheurs américains annonçait dans la revue américaine Science avoir découvert qu'un médicament contre le cancer restaurait rapidement les fonctions cérébrales normales de souris de laboratoire atteintes de l'équivalent d'Alzheimer.
Une étude qui avait soulevé beaucoup d'espoir
Non seulement cet anticancéreux, le bexarotène, avait fait disparaître chez ces souris jusqu'à 75% des plaques de bêta-amyloïde, une forme de protéine dont l'accumulation est une des principales caractéristiques pathologiques d'Alzheimer, mais il avait aussi inversé les symptômes de cette maladie, comme la perte de mémoire.
Tout juste 72 heures après avoir commencé le traitement avec le bexarotène, les souris de laboratoire - génétiquement modifiées pour développer l'équivalent de la maladie d'Alzheimer - avaient commencé à montrer des comportements normaux, expliquaient les chercheurs à l'origine de cette étude.
Des résultats qui n'ont pu être reproduits
Quatre publications de différentes équipes de chercheurs internationaux, publiés dans l'édition du 24 mai de la revue Science, portent aujourd'hui un coup à la crédibilité de cette étude, puisqu'elles annoncent ne pas avoir réussi à en reproduire les résultats.
"Nous voulions reconstituer cette étude, pour voir si nous pouvions l'exploiter, mais nous n'avons pas réussi", a déclaré David Borchelt, professeur de neurosciences à l'Université de Floride, considérant qu'il fallait que cet échec soit rendu public.
Pour trois équipes, les souris de laboratoires traitées avec du bexarotène, aucun effet n'était noté sur leurs plaques amyloïdes, signalaient les chercheurs dans leurs articles.
Une quatrième équipe de chercheurs a cependant annoncé remarquer une amélioration de la santé mentale des souris, sans pouvoir confirmer qu'elle étaient due au traitement, a précisé Ilya Lefterov, professeur agrégé de l'Ecole des études supérieures en santé publique de l'Université de Pittsburgh.
Ces nouvelles études devraient servir de mise en garde aux médecins souhaitant prescrire de la bexarotène comme traitement à leurs patients atteints de la maladie d'Alzheimer, ont souligné les chercheurs.
Le bexarotène a été approuvé en 1999 par la Food and Drug Administration (FDA) des Etats-Unis afin de traiter certains cancers cutanés. Mais elle est aussi utilisée par les médecins pour traiter leurs patients atteints d'Alzheimer, alors même qu'elle peut provoquer de graves effets secondaires, regrette Robert Vassard, professeur de biologie cellulaire et moléculaire à l'Ecole de médecine de l'Université Feinberg, qui a appelé "à mettre un terme à cette pratique immédiatement".
Etude de référence : Comment on "ApoE-Directed Therapeutics Rapidly Clear β-Amyloid and Reverse Deficits in AD Mouse Models", Science 24 May 2013: Vol. 340 no. 6135 p. 924, DOI: 10.1126/science.1235505
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La maladie d'Alzheimer freinée par un anti-cancéreux, article du 10 février 2012.