Limousin : 80 médecins alertent sur les dangers des pesticides
A l'approche de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, organisée par l'association Générations Futures, du 20 au 30 mars 2013, plus de 80 médecins de la région Limousin ont signé un texte appelant à réduire l'emploi des produits chimiques dans les pratiques agricoles.
Pour la première fois en France, un collectif de médecins prend position contre les pesticides.
Selon les 80 médecins signataires, "des liens sont établis en milieu professionnel entre l'utilisation de pesticides et certaines pathologies" (cf.extrait). Les médecins rappellent également que "de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens, substances chimiques soupçonnées d'être l'une des causes de la recrudescence de certains troubles (infertilité, cancers hormono-dépendants, obésité, etc.)".
Si encore peu d'études scientifiques établissent un lien clair entre les produits chimiques utilisés par les agriculteurs (engrais, fongicides, insecticides) et le développement de certaines pathologies, certains cas font jurisprudence, comme celui de Paul François, dont le combat exemplaire a permis d'inscrire la maladie de Parkinson au tableau des maladies professionnelles du régime agricole.
Paul François a gagné son procès contre le géant Monsanto, fabricant de produits phytosanitaires, le 13 février 2013. Une première en France. Pendant plusieurs années, cet agriculteur charentais avait inhalé les vapeurs d'un herbicide, le Lasso, qui avait entraîné de nombreux soucis de santé.
"Il faudra beaucoup d'études, beaucoup d'argent et beaucoup de temps pour objectiver plus avant ces risques sanitaires que l'on peut craindre dévastateurs, écrivent les médecins. Aussi nous souhaitons poser deux questions simples : peut-on s'abstenir de prendre des précautions dès maintenant ? Ce serait à nos yeux totalement inconséquent et irresponsable. Des alternatives, économiquement viables sont-elles possibles ? Nous pensons que oui, et elles sont connues".
Les 80 médecins du Limousin expriment leur solidarité pour l'interdiction des épandages aériens, et "des mesures de réduction des risques vis-à-vis des populations vivant à proximité des cultures à forte utilisation de pesticides", ainsi que "de toutes les initiatives qui permettront une transition vers des filières agricoles n'utilisant pas de pesticides".
Le but : encourager les acteurs politiques de la région Limousin à s'engager pour une réduction de 50% des pesticides à l'horizon 2020.
Extrait du texte :
"Nous tenons à préciser que nous ne cherchons pas à montrer du doigt une profession, mais que chacun doit prendre ses responsabilités. A nous d'assumer les nôtres en alertant sur les dangers de ces produits, particulièrement pour certaines catégories de la population (ceux qui y sont le plus exposés, ainsi que les femmes enceintes et les enfants).
Car des liens sont établis en milieu professionnel entre l'utilisation de pesticides et certaines pathologies :
- des cancers : Les expositions professionnelles aux pesticides ont été plus particulièrement mises en cause dans les hémopathies malignes lymphoïdes. Des études en populations agricoles suggèrent leur implication dans les tumeurs cérébrales et dans les cancers hormono-dépendants (cancers de la prostate, du sein, des testicules, de l'ovaire).
- des troubles neurologiques comme la maladie de Parkinson.
- chez l'enfant, l'utilisation domestique de pesticides, notamment d'insecticides domestiques, par la mère pendant la grossesse et pendant l'enfance, a été régulièrement associée aux leucémies et, à un moindre degré, aux tumeurs cérébrales."
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