Quand les infirmiers sont surchargés

ÉTUDE - La formation des infirmier(ère)s et leur charge de travail ont un impact sur la mortalité des patients : c'est le résultat d'une étude de grande envergure publiée le 26 février 2014, dans la revue The Lancet, qui concerne neuf pays européens. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Hector Pertuz

Les chercheurs ont analysé les rapports d'hospitalisation de plus de 420.000 patients âgés de plus de 50 ans ayant bénéficié d'une intervention chirurgicale (sur 300 hôpitaux européens). Si le taux de mortalité 30 jours après l'intervention était assez bas (1 à 1,5%), il existait de fortes disparités entre les différents établissements.

Une corrélation très nette est apparue entre cette mortalité d'une part, et la formation des infirmières et leur charge de travail d'autre part.

Selon les données publiées dans The Lancet, pour chaque nouveau patient dont une infirmière a la charge, la probabilité pour que l'un de ces patients décède dans les 30 jours suivant son admission augmente de 3% à 10%.

A l'inverse, une augmentation de 10% du nombre d'infirmières (au moins) titulaires d'une licence dans un service hospitalier y apparaît réduire la mortalité de 3% à 11%.

"Selon ces résultats", notent les chercheurs, "les hôpitaux dans lesquels 60% des infirmières seraient titulaires d'une licence, et soigneraient six patients en moyenne, enregistreraient une mortalité de près de 30% inférieure à celle d'hôpitaux où seulement 30% des infirmières auraient ce diplôme, et où celles-ci soigneraient huit patients en moyenne."

Selon Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat national des professionnels infirmiers, interrogé dans Le Magazine de la Santé (voir vidéo), "La surcharge de travail entraine un risque d’erreurs.

"Lorsqu’on vous oblige à revenir sur vos jours de repos, à enchainer les gardes de l'après-midi avec celles du matin, on vous pousse à l’erreur", détaille-t-il. "Travailler 12 heures de suite avec une grande concentration, c’est un véritable problème".

"Ce qui manque en France, c’est le niveau intermédiaire entre l’infirmière à bac+3 et le médecin à bac +9 ou +12. Dans d’autres pays, il existe des infirmières avec un niveau master qui peuvent faire davantage de soins et prescrire un certain nombre de médicaments comme les sages-femmes", conclut M. Amouroux.

 

Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat national des professionnels infirmiers, était l'invité du Magazine de la Santé le 26 février 2014.
Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat national des professionnels infirmiers, était l'invité du Magazine de la Santé le 26 février 2014.  —  Le Magazine de la Santé - France 5

Source : Nurse staffing and education and hospital mortality in nine European countries: a retrospective observational study L.H. Aiken, W. Sermeus, The Lancet, 26 fev. 2014 doi:10.1016/S0140-6736

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