Santé et environnement : les grands axes du troisième plan national
Le troisième Plan national santé environnement (PNSE) a été présenté ce 12 novembre en conseil des ministres par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. Quelles seront les grandes orientations de la politique publique en matière de protection sanitaire, en lien avec les pollutions environnementale, durant les quatre années à venir ?
Après une courte consultation publique, la version finale du troisième plan national santé environnement (PNSE) a été présentée ce mercredi en conseil des ministres.
Le précédent PNSE se fixait deux principaux objectifs. D'une part, de réduire les expositions aux substances chimiques et biologiques présentes dans l'air, l'eau, l'alimentation, certains produits de consommation courants ou les sols, "responsables de pathologies à fort impact sur la santé" (substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques). D'autre part, de limiter "les nuisances écologiques susceptibles d'induire ou de renforcer des inégalités" en matière de santé.
Comprendre pour anticiper
Le nouveau texte, qui doit être soumis au vote des parlementaires au mois de décembre, construit sur les bases jetées par ses prédécesseurs. Au cœur du dispositif se trouve, toujours, l'objectif de réduire "le plus possible" et "de la façon la plus efficace" l'impact des facteurs environnementaux sur la santé publique – qu'il s'agisse de risque allergique, de développement de cancers, ou d'obésité.
Pour y parvenir, le PNSE 3 souhaite que soit rapidement définie une liste précise d'indicateurs permettant d'obtenir une vision globale "de l'historique des expositions aux agents chimiques, physiques et infectieux" (l'exposome, voir encadré). L'idée est d'améliorer la connaissance de ces expositions dans la population, via l'exploitation de ces données de biosurveillance, afin de mieux cibler les actions sanitaires.
Un soutien financier doit être apporté à des projets de recherche sur les effets sanitaires des pesticides, des perturbateurs endocriniens, des nanomatériaux, des nuisances sonores et des ondes électromagnétiques. Le PNSE 3 souligne en outre la "nécessité" de conduire un certain nombre d'actions de recherche et de prévention "en faveur de la qualité de l'air (intérieur et extérieur), de l'eau ou de l'alimentation".
Le rôle du PNSE en question
Dans un avis présenté le 14 octobre dernier, peu avant la fin de la consultation publique sur le PNSE 3, la Conférence nationale de santé critiquait le fait que ses objectifs "ne soient pas fixés en termes quantitatifs". "Même si le pilotage du plan ne peut évidemment pas reposer exclusivement sur des objectifs statistiques, leur absence en matière de réduction des risques sanitaires donne à l'ensemble du document un positionnement incertain". La majeure partie des indicateurs associés aux actions "sont des indicateurs de moyens et non de résultats".
Le rôle du PNSE était ainsi mis en question : "S'agit-il de coordonner les stratégies et plans sectoriels ? S'agit-il de fournir les moyens nécessaires au progrès des connaissances et au développement de méthodologies ?
S'il s'agit de donner une nouvelle impulsion à la politique de santé environnement, il faudrait que ses objectifs soient plus clairement et précisément exprimés.
La notion d'exposome, proposée en 2005 par le Pr Christopher Wild, désigne l'ensemble des facteurs non-génétiques influant sur le développement d'un organisme donné, de sa conception à sa mort. Nul n'est en effet le produit de l'expression de son seul génome : chaque individu est exposé, tout au long de sa vie, à des facteurs environnementaux qui vont interagir avec son corps.
Mais si l'on connaît aujourd'hui très bien le génome humain, il est beaucoup plus difficile d'accéder à la liste des différents polluants auxquels chaque individu est exposé au cours de son existence. La variation dans le temps des niveaux d'expositions, la méconnaissance des doses auxquelles des effets biologiques sont susceptibles de survenir, la difficulté à évaluer l'ensemble des agents environnementaux polluants existants, sont autant de défis pour les chercheurs.