Une nouvelle maladie semblable au sida dans ses symptômes
Une maladie induisant une déficience du système immunitaire semblable à celle observée chez les malades du sida a été identifiée en Thaïlande et à Taiwan. Cette affection fait l'objet d'une étude menée depuis 2004, date de sa découverte, dont les conclusions ont été publiée le 23 août 2012 dans la revue New England Journal of Medicine.
Cette maladie provoque des symptômes semblables à ceux observés lorsque le sida se déclare chez les personnes infectées par le VIH. Cependant, les chercheurs n'ont pas identifié de virus chez les patients étudiés.
Il s'agit un type de déficience immunitaire acquise qui survient chez l'adulte. La maladie se déclare vers l'âge de 50 ans en moyenne et ne semble pas être héréditaire. Outre son mécanisme d'action, la différence majeure entre cette nouvelle maladie, baptisée syndrome d'immunodéficience de l'âge adulte, et le VIH, est qu'elle ne semble pas contagieuse (transmission d'une personne à une autre).
Système immunitaire hors service
Pour anéantir la réponse immunitaire, le sida agit en détruisant l'action des lymphocytes T, cellules responsables de la défense de l'organisme contre les agressions. Le syndrome d'immunodéficience de l'âge adulte, agit aussi sur le système immunitaire, mais en bloquant un autre type de cellules, les interférons gamma. Ce sont des protéines qui envoient un signal aux cellules du système immunitaire pour leur donner l'ordre de défendre l'organisme.
Le blocage de cette protéine signal rend le corps vulnérable à toutes les infections, comme chez les personnes atteintes du VIH. Les malades peuvent alors souffrir de maladies comme la tuberculose qui affaiblie l'organisme et peut provoquer des lésion pulmonaires importante.
Etude du syndrome d'immunodéficience de l'âge adulte
Pour identifier le mécanisme de cette maladie, 203 personnes atteintes d'infection opportuniste ont fait l'objet d'une étude en Thaïlande et à Taiwan. Une infection opportuniste est provoquée par des germes habituellement non agressifs, mais qui provoquent des complications graves chez les personnes ayant un système immunitaires affaibli.
Les patients étaient répartis en cinq groupes : 52 patients avec une infection disséminée non tuberculeuse (groupe 1), 45 patients atteints d'une maladie opportuniste non disséminée et non tuberculeuse (groupe 2), 9 patients atteints d'une tuberculose disséminée (groupe 3), 49 patients souffrant d'une tuberculose pulmonaire (groupe 4) et 48 patients sains représentant le groupe contrôle.
Grâce à des prélèvements sanguins, des anticorps anti-interféron gamma ont été détectés dans le plasma sanguin de 81 % des personnes groupe 1, de 96 % des patients dans le groupe 2, de 11 % des patients dans le groupe 3, de 2 % de patients dans le groupe 4, et de 2 % des personnes du groupe contrôle.
Des perspectives de traitement ?
De nombreuses approches de traitements ont été testées, dont les antibiotiques, ainsi que des anticancéreux agissant comme suppresseurs du système immunitaire, mais aucun médicament ne s'avère efficace sur l'ensemble des patients. Cependant, les chercheurs ont observé que lorsque les infections associées à la maladie étaient maîtrisées, l'état général des patients semblait se stabiliser. Mais ils continuent de penser que le syndrome de déficience immunitaire reste chronique, même chez les personnes stables.
A ce jour, les chercheurs ne connaissent pas l'origine de cette maladie, et ils n'écartent aucune hypothèse. Mais déjà le fait que tous les cas aient été recensés chez des personnes asiatiques laisse croire que cette maladie pourrait avoir des origines génétiques ou environnementales.
Source : "Adult-Onset Immunodeficiency in Thailand and Taiwan", The New England Journal of Medicine, le 23 août 2012. Doi : 10.1056/NEJMoa1111160
En savoir plus