Aspirine : alerte sur un effet secondaire méconnu

Chouchou de la trousse à pharmacie, l'aspirine n'est pourtant pas sans risque. Une étude montre qu'une prise au long cours, même à faible dose, augmente le risque d'avoir une anémie.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Médicaments : attention aux risques de l'auto-médication
Médicaments : attention aux risques de l'auto-médication  —  Allodocteurs - Newen Digital

L'aspirine fait partie des anti-inflammatoires et des médicaments les plus prescrits dans le monde. Mais ce médicament n'est pas si anodin qu'on le penserait ! Des chercheurs australiens viennent d'étudier son implication, même à faible dose, dans la survenue d'anémie. Leurs résultats ont été publiés dans les Annals of internal medicine.

L'anémie, une affection fréquente

D'après les chercheurs, 30% des personnes âgées de plus de 75 ans souffrent d'anémie

Elle se manifeste par une pâleur de la peau et des conjonctives, une grande fatigue, un essoufflement… 

Une simple prise de sang permet de faire son diagnostic : un taux d'hémoglobine inférieur à 12 grammes d'hémoglobine par décilitre de sang chez les femmes et 13 gr/dl chez les hommes est révélateur d'une anémie.

De nombreuses causes d'anémie

Il existe de nombreuses causes d'anémie, dont la plus fréquente est la carence en fer. Elle est appelée anémie ferriprive par les médecins. 

C'est notamment le cas chez les femmes aux règles abondantes ou chez les personnes âgées. Celles-ci peuvent souffrir d'une anémie en lien avec des maladies associées ou une inflammation. Dans un tiers des cas, la cause reste inconnue.

Les chercheurs australiens ont formulé l'hypothèse d'une origine médicamenteuse. Plus précisément liée à l'aspirine, aussi appelée acide acétylsalicyclique.

Délivré sans ordonnance, c'est un des médicaments les plus vendus contre la fièvre, les douleurs ou encore les courbatures.

L'aspirine, coupable d'anémie ?

19 114 personnes de plus de 65 ans ont été suivies tous les ans par les chercheurs, avec une mesure annuelle de l'hémoglobine et une mesure tous les trois ans de la ferritine (qui reflète le stock de fer de l'organisme). 

Les personnes ont été divisées en deux groupes, l'un prenant un placebo et l'autre prenant 100 mg d'aspirine tous les jours. Cette faible dose est habituellement prescrite chez les personne ayant déjà eu un AVC ou un infarctus, en prévention d'une récidive.

Verdict : 23,5% de risque supplémentaire de faire une anémie dans le groupe prenant de l'aspirine que dans le groupe placebo. Soit 51 cas sur 1000, contre 43 sur 1000. 

Pour les chercheurs, une surveillance de l'hémoglobine est donc incontournable chez les personnes âgées prenant de l'aspirine à faible dose.      

Un effet connu de l'aspirine

L'anémie fait partie des effets secondaires connus de l’aspirine. D’après le Vidal, "l'aspirine peut entraîner des saignements du nez ou des gencives et, rarement, des hémorragies imperceptibles du tube digestif, responsables de l’apparition progressive d’une anémie." 

De plus, on peut reprocher une limite à l'étude australienne : aucune donnée sur les autres causes d'anémie n'a été recherchée ou incluse dans l'essai. 

Ceci ne remet en rien en cause la nécessité de surveiller son taux d'hémoglobine lorsque l'on prend régulièrement de l'aspirine.

Le docteur Jimmy Mohamed explique comment le sang distribue l'oxygène grâce à l'hémoglobine
Le docteur Jimmy Mohamed explique comment le sang distribue l'oxygène grâce à l'hémoglobine  —  Le Magazine de la Santé - France 5