Comment sont testés vos produits de beauté ?

Pour les produits de beauté, les tests sur les animaux sont interdits depuis 2003. Mais certaines entreprises avaient pris un peu d'avance, comme un groupe de cosmétiques français qui fabrique depuis 30 ans des "tissus humains reconstruits", une sorte de peau fabriquée à partir de cellules de vraie peau. Pour tester les nouvelles molécules ou les nouvelles formules, les biologistes utilisent ces modèles pour tenter de prédire le mieux possible comment la vraie peau va réagir.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pour tester leurs produits en condition réelle les fabricants de cosmétiques récupèrent des cellules de peau dans les blocs opératoires. - Image : © luca fabbian - Fotolia.com
Pour tester leurs produits en condition réelle les fabricants de cosmétiques récupèrent des cellules de peau dans les blocs opératoires. - Image : © luca fabbian - Fotolia.com

Mascaras, rouges à lèvres et crèmes en tous genres… Avant de se retrouver dans notre salle de bain, tous nos cosmétiques sont testés par leur fabricant pour évaluer leur innocuité mais aussi leur efficacité.

Pour faire ces tests, pas de cobayes. Ils utilisent des tissus humains reconstruits. Dans les laboratoires d'une célèbre marque de cosmétiques français, les biologistes fabriquent des tissus humains : épiderme, derme, cornée… Les cellules sont extraites de fragments de chirurgie esthétique puis elles sont mises en culture. Afin de recréer du tissu humain en trois dimensions, le laboratoire a créé un petit récipient qui permet aux cellules de se multiplier. Quelques semaines plus tard, les biologistes obtiennent un petit morceau d'épiderme.

Une des premières étapes dans la conception d'un cosmétique, est de vérifier son innocuité. Pour tester un nouveau produit, les biologistes l'étalent sur un modèle d'épiderme. "La plupart de nos protocoles imitent ce que l'on fait dans notre salle de bain. C'est-à-dire dans un premier temps, on applique le produit à la surface de l'épiderme humain reconstruit", explique Carine Tornier, biologiste. Le tout est mis alors à température équivalente à celle du corps dans un incubateur pendant plusieurs heures.

Un réactif est ensuite appliqué pour pouvoir évaluer la tolérance de la peau à cette nouvelle formulation. "Lorsque le produit est non irritant, la peau est encore vivante. Le produit a été transformé en cristaux violets. A l'inverse quand le produit est irritant, l'épiderme meurt. Du coup il n'y a pas de changement de couleur", précise Carine Tornier.

Une fois l'absence d'allergènes dans le produit vérifiée, encore faut-il que celui-ci soit efficace. Dans les laboratoires du premier centre mondial d'évaluation prédictive de cosmétiques à Lyon, les biologistes testent un nouveau filtre solaire, qu'ils badigeonnent sur des modèles de peaux plus complexes comprenant non seulement un épiderme mais aussi un derme, la deuxième couche de la peau.

"Dans le modèle épiderme/derme, on a une zone très importante en biologie, la jonction dermo-épidermique. Et dans cette zone il y a beaucoup d'échanges entre les deux compartiments derme-épiderme, beaucoup de protéines intéressantes pour les études de photoprotection", note Michel Bataillon, biologiste. Les modèles de peaux sont soumis à un rayonnement d'UV-A pendant 45 minutes. Puis ils sont observés au microscope. Ce qui intéresse plus particulièrement les biologistes, ce sont les fibroblastes, ces cellules qui fabriquent le collagène, et dont la disparition provoque l'apparition des rides.

Chaque année sur le site lyonnais sont produites plus de 130 000 unités de tissus biologiques.

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