Les autorités sanitaires "convaincues" de l'impact de la pollution de l'étang de Berre sur la santé
Les habitants de Fos-sur-Mer connaissent "un état de santé fragilisé, dans une zone fragilisée par la pollution environnementale", a déclaré le 20 mars l"ARS Paca.
L'Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes Côte d’Azur présentait ce 20 mars les conclusions de l’agence Santé publique France, chargée en 2017 d'analyser une étude indépendante aux résultats alarmants sur la santé des habitants de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis du Rhône.
L’étude Fos-Epséal et menée par une équipe franco-américaine, avait été accueillie avec méfiance en raison d’une implication étroite des riverains dans la réalisation même du questionnaire de santé. Les chercheurs de Santé publique France ont conclu que "malgré certains biais", notamment sur la sélection des 800 répondants, l'étude publiée dans la revue Journal of public health avait "le mérite de mettre en évidence certains signaux comme la prévalence du diabète de type 1, qu'on n'atteint pas par une approche épidémiologique classique".
Dans un communiqué, l'équipe de Fos-Epséal a commenté ces conclusions, expliquant que "la participation des habitants au processus de recherche permet d’augmenter la rigueur de l’étude". Elle s’est déclarée prête à apporter des informations complémentaires pour répondre à certaines critiques du rapport de Santé publique France.
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Plaidoyer pour plus de participation et de transparence
Au cours d’une conférence de presse tenue à Istres (Bouches-du-Rhône), Muriel Andrieu-Semmel, responsable du département santé environnement de l’ARS Paca, a déclaré que "[l’on] n'a pas besoin de démontrer par une étude qu'une part de cet état de santé est liée à l'environnement pour adapter notre action : on en est convaincus".
Muriel Andrieu-Semmel a poursuivi en expliquant que l’étude avait démontré "la nécessité de partager les données avec les populations" : "on doit aussi faire participer les habitants, on ne peut plus se permettre de se réunir sur ces sujets sans un représentant de la population de la zone".
Des résultats convergents, et d'autres qui demandent confirmation
Un an plus tôt, la publication Fos-Epseal avait provoqué de fortes inquiétudes dans le pourtour de l'Etang de Berre, puisqu'elle concluait que les femmes interrogées dans la zone avaient trois fois plus de cancer que la moyenne nationale, ou encore que 63% de l'échantillon interrogé déclarait une maladie chronique, contre 36% en France.
Les résultats de Fos-Epséal "vont dans la même direction" que ceux relevés par ailleurs par l'Observatoire régional de santé (ORS) qui a noté sur les deux communes une mortalité par cancer supérieure de 34% chez les hommes à la moyenne nationale de 2009 à 2013. Pierre Verger, directeur de l'ORS Paca, a toutefois observé que "contrairement à l'étude Epseal, aucune différence significative n'est retrouvée chez les femmes", pour la mortalité par cancers notamment.
Une étude plus ciblée sur les cancers professionnels et environnementaux dans le département, Revela 13, doit rendre des premiers résultats publics au premier trimestre 2019, a annoncé l'ARS. "Il y a un tribut important payé par les travailleurs", estime Muriel Andrieu-Semmel.
L'État a aussi promis d'intervenir auprès des pollueurs pour renforcer la surveillance des émissions polluantes des industriels de Fos-Berre-Lavéra et les faire réduire.
la rédaction d’Allodocteurs, avec AFP