Glyphosate : une nouvelle étude "indépendante" pour évaluer sa dangerosité
Alors qu'un nouveau procès s'ouvre aux Etats-Unis pour faire reconnaître que le Roundup est à l'origine d'un cancer chez un agriculteur, la France lance une nouvelle étude pour éclaircir la question des dangers du glyphosate.
Depuis janvier 2019, ce pesticide de synthèse est interdit pour les particuliers mais il reste largement utilisé par les agriculteurs. Tout le débat est de savoir si le glyphosate est cancérogène ou pas. Mais les autorités sanitaires ont du mal à donner une réponse claire...
La France lance donc une nouvelle étude "indépendante" pour "trancher" définitivement la question de la dangerosité de cet herbicide. Rym Ben Ameur, journaliste à la rédaction du Magazine de la santé, fait le point.
- Qu'est-ce que le glyphosate ?
Rym Ben Ameur : "Le glyphosate est une molécule qui a des propriétés herbicides. Seul, il est peu efficace mais les industriels y ajoutent des produits chimiques pour le rendre plus actif et faciliter son absorption par les plantes. Il devient donc très efficace et surtout, il est peu coûteux. Le produit à base de glyphosate le plus connu et le plus contesté est le Roundup de Monsanto. ll est au coeur de plusieurs procès aux Etats-Unis."
- Le glyphosate est-il largement utilisé et par qui ?
Rym Ben Ameur : "En France, depuis janvier 2019, le glyphosate est interdit pour les particuliers. La peine encourue est une amende pouvant aller jusqu'à 30.000 euros et 6 mois d'emprisonnement. Mais les agriculteurs, eux, l'utilisent encore très largement. Ce pesticide est utilisé dans toutes les régions de France, particulièrement dans l'Aube, l'Indre-et-Loire et en Charente-Maritime. Près de 9.000 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017.
"Dans le reste du monde, la situation est la même. Sa consommation ne cesse d'augmenter. 56.000 tonnes de glyphosate ont été vendues en 1994 et 826.000 tonnes en 2014. Et les agriculteurs ne veulent pas son interdiction car ils n'ont pas trouvé d'autres alternatives. Résultat, on en trouve aussi dans les produits du quotidien comme les céréales du matin ou les lentilles, mais à des quantités infimes."
- Quels sont les risques pour la santé ? Que disent les agences sanitaires ?
Rym Ben Ameur : "Cela fait des années qu'il y a des craintes sur son impact sanitaire. Dès 2015, la très sérieuse revue "The lancet" évoque des risques de lymphome, mais aussi des effets toxiques sur les reins, le foie et le système hormonal. En mars 2015, le Centre International de Recherches sur le Cancer qui dépend de l'OMS, le classe même "probablement cancérogène". Mais huit mois plus tard, ce verdict est contredit par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments. Selon elle, il est "improbable" que le glyphosate représente un danger cancérogène pour l'homme. Depuis, plusieurs études sont sorties et elles se contredisent."
- Que peut apporter cette nouvelle étude ?
Rym Ben Ameur : "Il semble y avoir une prise de conscience. L'Anses a profité du Salon de l'agriculture pour annoncer qu'elle allait lancer une étude à la demande du ministère de l'Agriculture. Une étude menée par des chercheurs indépendants pour éclairer sur la toxicité du glyphosate et son caractère cancérogène. Elle pourrait débuter d'ici quelques mois. Il faut donc un peu de patience avant de démêler le vrai du faux dans ce débat sanitaire sans fin."