Pour quelles maladies le lien avec les pesticides est-il avéré ?
Est-il vrai que certains fongicides pourraient être à l'origine de dysfonctionnement neurologiques ? Pour quelles maladies le lien avec les pesticides est-il avéré ?
Les réponses avec le Dr Robert Barouki, biochimiste toxicologue, et avec François Veillerette, directeur de l'association Générations futures :
"On a toujours des difficultés pour pointer des produits en particulier dans les études scientifiques qui sont publiées. Il est vrai que certaines études montrent un risque de leucémie chez l'enfant quand la maman a été exposée. Ce sont plutôt les insecticides qui sont en général pointés pour les dysfonctionnements neurologiques parce que ce sont des neurotoxiques. Et là aussi, de nombreuses études montrent que l'exposition intra-utérine peut être une voie particulière de risque pour des maladies qui vont apparaître plus tard dans la vie. Mais on dispose aussi d'une autre catégorie d'études sur les professionnels, par exemple les professionnels de la vigne (qui sont le plus souvent ceux qui traitent) sont de fait aussi plus souvent atteints par la maladie de Parkinson, par la maladie d'Alzheimer. C'est une maladie qui a été acquise pendant l'activité professionnelle. On a donc à notre disposition ces deux types d'études."
"Une expertise de l'Inserm en 2014 a établi un peu les relations entre les pesticides et la santé et a rapporté des cancers, des maladies de Parkinson, d'autres maladies neurologiques… Le niveau de preuves est variable selon ces différentes catégories. Dans l'ensemble, on peut considérer en tout cas chez les agriculteurs qu'un certain nombre de choses sont acquises en terme de cancers (cancers du sang, cancers de la prostate…). Le niveau de preuve est bon, il n'est peut-être pas à 100% mais il est assez bon. Dans d'autres cas, ce sont plutôt des suspicions. Donc cela dépend vraiment des pathologies et on ne peut pas toujours attribuer très précisément à tel ou tel pesticide la responsabilité parce que souvent on utilise des mélanges de pesticides.
"Il faut savoir que les expériences réalisées chez l'animal ne sont pas nécessairement aux mêmes doses auxquelles la population générale est exposée. C'est un modèle et il faut être prudent. En général, on considère qu'on est à peu près sûrs d'un effet lorsqu'on a à la fois les expériences chez l'animal qui vont dans un sens et des arguments dans les populations humaines. Ce sont les arguments dans les populations humaines qui sont les plus difficiles à obtenir."