Infirmières épuisées, patients infectés
Quand les infirmières sont surchargées et épuisées, elles risquent de commettre des erreurs. Leur burn-out est en partie responsable des infections nosocomiales à l’hôpital. C’est ce que révèle l’American Journal of Infection Control, dans son édition du mois d’août.
On parle de maladie nosocomiale, lorsqu’une infection est contractée dans un établissement de santé. Elle doit être absente au moment de l’admission du patient et apparaitre au moins 48 heures après. Ce délai s'allonge à 30 jours dans le cas d’une infection après une opération, et jusqu'à un an après la pose d’une prothèse.
Ces infections sont un véritable problème de santé publique. En France 5 % des patients hospitalisés sont touchés. Elles sont responsables de 4 200 décès chaque année.On considère que seulement 20 à 30 % de ces infections serait évitables. Utilisation maîtrisée des antibiotiques, mesures d’hygiène drastiques lors des interventions et des soins, nettoyage systématique des mains… De nombreux hôpitaux se battent contre les contaminations.
L’étude de la Nursing School de l’Université de Pennsylvanie, soutenue par les National Institutes of Health (NIH) a porté sur 7.000 infirmières de 161 hôpitaux de Pennsylvanie. Les chercheurs ont mis en rapport leur niveau d'épuisement professionnel et le taux d’infections nosocomiales dans ces hôpitaux. L’âge, le nombre d'années d'expérience, les protocoles effectués dans l'hôpital, le nombre de patients, ont été pris en compte dans l’analyse finale des données. Ils ont constaté que plus d'un tiers des infirmières montrait des signes d'épuisement professionnel.
Pour chaque patient supplémentaire « attribué » à une infirmière, une infection nosocomiale supplémentaire se produit sur 1 000 patients. Le rapport infirmières/patients est suffisamment significatif d’après les auteurs, notamment pour les infections des voies urinaires et du site opératoire.De plus, les hôpitaux dans lesquels l'épuisement professionnel a été réduit de 30%, ont évité 6239 infections, et réalisé une économie annuelle pouvant aller jusqu'à 68 millions $.
Réduire l'épuisement professionnel chez les infirmières est une stratégie prometteuse pour aider le contrôle des infections dans les établissements de soins de courte durée. Une telle politique, conclut l’étude serait moins coûteuse que la prise en charge de ces infections directement liées au burn out du personnel de santé.
Source : Nurse staffing, burnout, and health care–associated infection, American Journal of Infection Control, Août 2012. Doi : 10.1016/j.ajic.2012.02.029
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