Apnée : plongez en toute sécurité
Il y a presque 20 ans, le Grand Bleu permettait à des millions de spectateur de découvrir un univers à part. Celui des apnéistes professionnels et de leur course à la profondeur. Longtemps confidentielle, l’apnée est en train de se démocratiser. Mais retenir sa respiration sous l’eau peut être risqué. Alors comment pratiquer l’apnée en toute sécurité, que ce soit pour le loisir ou en compétition ? Explications.
Recherche d’évasion, sensation de glisse ou de communion avec l’élément aquatique… L’apnée est un sport complet pour le corps et pour l’esprit. Mais pour allier plaisir et sécurité il y faut garder en tête quelques règles élémentaires. "La première règle de base est de ne jamais faire de l'apnée tout seul" rappelle Maxime Gardien qui pratique l'apnée en compétition. Autre règle importante, écouter son corps et ne jamais forcer une descente. Dès deux ou trois mètres de profondeur, la pression se fait sentir sur les oreilles. Il faut donc toujours penser à équilibrer "avec un simple geste, en se pinçant le nez pour envoyer de l'air et ainsi équilibrer les tympans" précise Maxime Gardien. "Si on ne le fait pas, on va chercher à descendre en forçant et là on risque de se faire vraiment mal".
Des athlètes entrainés qui connaissent leurs limites
Il y a quelques jours à Nice une compétition a rassemblé une trentaine d’apnéistes : des athlètes entrainés qui connaissent leurs limites et plongent en fonction de leur niveau et de leur forme du moment. Mais en cas d’accident, toute l’organisation a été pensée pour assurer leur sécurité. Pour Claude Chapuis, responsable de la sécurité du Nice Abyss Contest, cet encadrement impose d"avoir une équipe soudée, avec de l'expérience, un matériel qui soit au point, testé, rodé. Il faut aussi des apnéistes de sécurité dans l'eau qui sont entrainés et qui ont des automatismes et des gens capables d'intervenir hors de l'eau".
Aurore Asso est l’une des meilleures apnéistes françaises. A Nice elle est descendue à 45 mètres de profondeur sans palmes. Cette performance lui demande un effort physique intense, en particulier au moment de la remontée car elle doit lutter contre la pression des profondeurs. Lorsque les apnéistes arrivent vers la surface, ils ont consommé une grande partie de leur oxygène. C’est là que les risques sont les plus importants. Aurore est donc accompagnée dans les derniers mètres par ces apnéistes de sécurité. "La zone de danger, ce sont les derniers mètres avant de remonter à la surface" explique Guillaume Néry, quadruple champion du monde d'apnée et apnéiste de sécurité lors du Nice Abyss Contest. "Notre rôle est d'escorter l'athlète sur les 25 derniers mètres".
La syncope, un évanouissement dangereux
Guillaume Néry doit sa vie à ces apnéistes. Il y a presque deux ans à cause d’une erreur des organisateurs, il descend à 139 mètres au lieu de 129 lors d’un championnat. A quelques mètres de la surface, la quantité d’oxygène dans son sang atteint un niveau trop bas et provoque une syncope : une perte brutale de conscience. "On ne le sent pas vraiment venir et c'est là le plus grand danger de la syncope", explique-t-il. "Elle intervient quand on pousse son apnée au maximum. Juste avant, on sent une espèce de souffrance, l'envie de respirer qui s'installe de plus en plus, et quand on approche du moment critique on perd une forme de lucidité, on ne sait plus où l'on est ce qui se passe et on s'endort sans se rendre compte de rien". Selon le Dr Barbara Jeschke, anesthésiste-réanimateur "les apnéistes de sécurité doivent alors maintenir l'athlète hors de l'eau, enlever le masque et le faire respirer. S'il ne respire pas il faut alors lui apporter de l'oxygène".
Le risque d’une syncope c’est de respirer sous l’eau par réflexe et donc de se noyer. Mais quand l’apnéiste est sorti à temps, cette perte de conscience ne laisse pas de séquelles. A Nice, les deux médecins n’ont pas eu besoin d’intervenir. Comme la plupart du temps, les performances des athlètes se sont déroulées sans aucun problème. Tous étant parfaitement conscient de leurs capacités et de leurs limites.
Si ce reportage vous a donné envie de piquer une tête cet été, sachez que la meilleure façon de s’initier à l’apnée, c’est dans un club. Ils sont désormais nombreux à proposer des cours et des initions. N’hésitez pas à vous rapprocher de la Fédération française d’études et de sports sous-marins ou de l’AIDA : l’Association internationale pour le développement de l’apnée.