Contre les déserts médicaux, un Doctobus sillonne les routes de l'Eure

C’est dans ce camping-car réaménagé, qu’un médecin retraité prend la route. Tous les mercredis, il sillonne le département de l’Eure, dans des communes où l’offre de soins est quasi inexistante. "Ce n'est pas une 2e ou une 3e carrière, mais ça nous permet de continuer à être actif", explique le Dr Gilbert Gréard, médecin généraliste retraité.

Aujourd’hui, direction Prey, un petit village près d'Évreux. Les patients sont reçus dans une salle d’attente improvisée, avant de poursuivre la consultation. 

Deux assistantes médicales et cinq médecins retraités

Les sièges à l’avant sont retournés et l’examen médical se fait à l’arrière du véhicule."C’est très atypique, mais c’est assez agréable, car on a tout sous la main. Ça me rappelle il y a 40 ans, quand j’étais médecin militaire, j’allais déjà dans les déserts, à Djibouti, mais ça n'était pas les mêmes déserts. Avec mon infirmier, on allait soigner dans les villages. Ici, on retrouve cette même ambiance, sauf que là, on est beaucoup mieux équipés", poursuit le Dr Gréard.

Le staff est plus nombreux : deux assistantes médicales et six médecins dont cinq retraités, se relaient chaque semaine dans ce centre de santé itinérant.

13 000 patients sans médecin traitant

13 000 patients de l’agglomération d’Evreux sont actuellement sans médecin traitant, comme Angélique, qui a eu du mal à trouver un rendez-vous pour son fils, malade depuis plusieurs jours. La jeune mère est désormais rassurée.

"Maintenant, je suis chez Doctobus en médecin traitant, parce que mon médecin traitant part à la retraite. Je pense qu’ils ont tous le même âge du coup, ils partent en même temps, il n’y a pas de renouvellement et pas de nouveau médecin qui arrive. Le moindre nouveau est surbooké", confie-t-elle.

Désengorger les urgences

"Le Doctobus est une proposition qui permet de trouver un débouché pour tous les patients qui n’ont plus de médecins traitants, plus de moyens simples de se soigner en dehors des urgences, parfois pour des pathologies qui ne relèvent pas de ces services-là. Ça permet de désengorger ces services. Ce n'est pas la panacée, on ne va pas régler tous les soucis du territoire avec Doctobus ,mais ça permet de trouver bon nombre de solutions à des patients qui n’en trouvent pas", commente Marie-Jeanne Lourenço, corresponsable du dispositif Doctobus.

Pour continuer sur cette lancée, le département de l’Eure prévoit une enveloppe de 10 millions d’euros environ, consacrée à la désertification médicale.