Explosion à Paris : à quoi correspond une urgence absolue ou relative ?
Une explosion violente a eu lieu le 21 juin à Paris. Dans les heures qui ont suivi, les termes d’"urgence absolue" et "relative" ont beaucoup circulé dans les médias. Que signifient-ils ? On vous explique.
Urgence absolue, urgence relative, pronostic vital engagé… Que signifient précisément ces termes, utilisés pour désigner les victimes de l'explosion d'un immeuble de la rue Saint-Jacques, dans le Ve arrondissement de Paris, le 21 juin ? Ils sont issus de la médecine de catastrophe ou militaire, et ont pour but de faciliter le tri des blessés.
L'objectif : apporter les soins les plus adaptés à l’état clinique des patients, dans le laps de temps requis par la gravité des blessures. Les blessés les plus graves passent donc en priorité et sont dirigés les premiers vers un hôpital adapté.
L’urgence absolue, quand le pronostic vital est engagé
En cas d’urgence absolue, le patient requière une prise en charge au plus vite.
"L’urgence absolue signifie que le pronostic vital du patient est engagé" explique le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). "Ses lésions mettent en jeu la vie dans les minutes ou heures qui suivent, en l’absence d’une prise en charge bien précise. Celle-ci doit être immédiate par un véhicule du SAMU et ensuite, doit se faire rapidement un établissement disposant du plateau chirurgical adapté," précise-t-il.
En effet, différents spécialistes doivent pouvoir intervenir ensemble, comme un chirurgien viscéral, un chirurgien en traumatologie et un neurochirurgien. L’hôpital le plus proche n’est donc pas forcément le plus adapté.
Les traumatismes thoraciques, des grands brûlés ou des impacts de balle font partie des urgences absolues. Il peut aussi s’agir d’une personne qui saigne beaucoup et qui nécessite un geste chirurgical. Celui-ci doit intervenir dans l’heure pour que la prise en charge soit optimale.
"Lady Di est morte dans sa voiture, faute d’une prise en charge suffisamment rapide et adaptée", illustre le Dr Prudhomme.
Des moyens suffisants pour l’explosion de la rue Saint-Jacques
"Le problème, c’est que ces centres de traumatologie lourde sont en nombre restreint en Ile-de-France, pointe le Dr Prudhomme. L’évènement d’hier est dramatique mais ne pose pas de problème en termes de moyens (véhicules, hôpitaux, professionnels de santé) puisqu’il y a une trentaine de blessés dont quatre graves."
Or si le nombre de blessés est très important, il est nécessaire de les évacuer en province ou à l’étranger."Ce qui est problématique car les délais de transport sont plus longs : on prend donc des risques pour les patients," déplore le Dr Prudhomme.
L’urgence relative, moins pressée
"L’urgence relative nécessite une prise en charge, mais sans que le facteur temps soit prédominant, précise le Dr Prudhomme. Le pronostic vital n’est pas engagé."
C’est par exemple un traumatisme de la main, où le pronostic fonctionnel est bien réel : la capacité de la main à fonctionner correctement, est en jeu. Mais la vie n’est pas en danger.
Une classification mouvante
La classification en urgence absolue ou relative est le reflet d’une évaluation à un instant t. Mais elle peut évoluer à tout moment.
L’état du malade peut se dégrader brutalement et être passé en urgence absolue. Ou une hémorragie de la rate, habituellement classée en urgence absolue, peut se transformer en urgence relative, faute de blocs chirurgicaux par exemple.
C’est ce qui explique que les médecins évaluent très régulièrement l’état clinique des patients.