Japon : il naît à 268 grammes et sort de l’hôpital cinq mois plus tard en bonne santé
Un bébé très grand prématuré né à 22 semaines de grossesse avec un poids de 268 grammes a quitté l'hôpital avec ses parents après avoir dépassé les trois kilos. Il s'agit du plus petit nourrisson garçon jamais sorti en bonne santé d'une maternité.
Il ne pesait que 268 grammes. Un bébé né au Japon à 22 semaines de grossesse (24 semaines d’aménorrhée) en août 2018 est désormais sorti de l’Hôpital universitaire Keio de Tokyo. En l’espace de cinq mois, le nourrisson a plus que décuplé son poids pour atteindre 3 238 grammes.
"Je n’étais pas sûre qu’il survive"
L'alerte a été donnée au cinquième mois de grossesse. Les médecins ont observé que le fœtus ne grandissait plus et ont donc estimé qu’il était préférable de provoquer sa naissance par césarienne. Un pari risqué, comme en témoigne aujourd’hui la mère du garçon dans un message transmis aux médias japonais et relayé par l’AFP : "Je suis heureuse qu'il ait tant pris de poids, car franchement, je n'étais pas sûre qu'il survive."
Le médecin qui a suivi ce nourrisson, Takeshi Arimitsu, rappelle que les décisions concernant les très grands prématurés exigent prudence et éthique mais confie avoir à coeur de "faire savoir que même quand un bébé naît très petit, il existe une possibilité qu'il puisse quitter la maternité en forme".
Crédit photo : ©Handout/Keio University Hospital/AFP
Le plus petit nourrisson sorti sain et sauf de la maternité
Selon un registre international tenu par l’université d’Iowa aux États-Unis, des cas de sortie de l’hôpital après plusieurs mois de nourrissons sans problème de santé et nés avec un poids de moins de 300 g ont déjà été enregistrés : en Allemagne en 2009 (274 g) ainsi qu'au Japon en 2009 (297 g), 2011 (294 g) et 2015 (289 g). Mais à quelques grammes près, le bébé japonais né en août dernier reste, selon les données connues, le nourrisson garçon au plus petit poids de naissance jamais sorti sain et sauf de la maternité.
Le taux de survie des nouveau-nés de moins de 300 g reste néanmoins très faible, reconnait l'équipe de Tokyo. Ce lien direct entre très grande prématurité et risque de mortalité a été chiffré par l’Etude épidémiologique sur les petits âges gestationnels (Epipage2) publiée en 2017 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La survie, qui atteint 99% à 32-34 semaines et 94% à 27-31 semaines, n’est que de 60% à 25 semaines et chute en dessous des 1% avant 24 semaines. Aujourd'hui en France, 0.44% des naissances se produisent avant 27 semaines, 0,84% entre 27 et 31 semaines et 1,8% à 32-34 semaines.
Cette extrême précarité néonatale s'explique par le fait que les organes sont alors immatures. Le cerveau, le coeur, les poumons ou encore le tube digestif, ne sont pas prêts à assurer leur fonction. De même, le système immunitaire chargé de défendre l'organisme contre des infections n'est pas encore efficace. Les services de réanimation spécialisée tentent de compenser toutes ces fragilités en plaçant les nourrissons dans des couveuses qui reproduisent le plus possible l'environnement maternel. Avec des traitements intensifs, une assistance respiratoire adaptée et bien sûr une surveillance médicale très rapprochée.
Un risque de séquelles à long terme
Une fois cette période critique passée, ces enfants doivent ensuite bénéficier d'une attention médicale particulière pendant leurs premières années. Une naissance prématurée peut en effet s'accompagner de séquelles, très variables d'un enfant à l'autre. Le bon développement des systèmes moteurs, cognitifs et sensoriels sera particulièrement observé.