Couches bébés : « Les industriels doivent fournir des informations claires aux parents »
L'Anses somme les fabricants de couches jetables pour bébés de revoir leurs procédés de fabrication et les informations sur les emballages.
Parfums, dioxines... Certaines substances chimiques détectées dans les couches jetables peuvent présenter des « risques » à long terme pour la santé des bébés selon un rapport publié par l’Agence de sécurité sanitaire de l’environnement (Anses). Le Pr Gérard Lasfargues, directeur général délégué de l'Anses a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Quelles substances avez-vous retrouvé dans les couches jetables ?
Pr Gérard Lasfargues, Anses : "Les substances retrouvées pouvant dépasser les seuils sanitaires et donc avec des éventuels risques pour les enfants sont d’abord des substances ajoutées intentionnellement dans les couches comme des substances parfumantes qui ont des risques allergisants pour la peau des bébés. Il y a aussi des substances qui peuvent se former lors de certains processus de fabrication, comme par exemple le processus de blanchiment au cours duquel on peut utiliser des agents chlorés, susceptibles de former des PCB, des dioxines, des furanes, qui peuvent entraîner des probabilités de risques à long terme."
- Les couches dites « écologiques » sont-elles concernées ?
Pr Gérard Lasfargues, Anses : "Toutes les couches sont concernées. Nous avons fait notre évaluation de risques à partir des données qui ont été faites à la fois par 60 millions de consommateurs et par le laboratoire de la DGCCRF avec des données très importantes qui ont été fournies notamment par ce laboratoire : des taux de substances qui migraient dans l’urine des bébés et donc qui sont susceptibles d’être absorbées par la peau des bébés."
- Pour l’instant, quels sont les effets observés pour la santé des enfants ? Que peut-on craindre à long terme ?
Pr Gérard Lasfargues, Anses : "Les substances retrouvées sont pour certaines potentiellement allergisantes mais d’autres, comme les PCB, les dioxines, voire certains hydrocarbures aromatiques, peuvent présenter des risques à plus long terme comme des risques toxiques pour la reproduction voire des effets cancérogènes. Dans les études épidémiologiques ou d’investigation clinique, il n’y a pas pour l’instant de données qui indiqueraient des risques immédiats graves."
- Quels conseils donner aux parents qui utilisent des couches jetables ?
Pr Gérard Lasfargues, Anses : "Ce qui est très important, c’est que les industriels puissent fournir des informations claires aux parents afin qu’ils puissent choisir leurs couches jetables en connaissance de cause. Il faut une information suffisante sur l’emballage pour éviter par exemple les couches qui contiennent des substances parfumantes. Il faut également que soit indiqué sur l’emballage le procédé de blanchiment. Si l’industriel évite les agents chlorés, il faut que ce soit très clairement indiqué."
- Faut-il que tous les parents reviennent aux couches lavables ?
Pr Gérard Lasfargues, Anses : "Non ! Certainement pas, d’autant plus que nous n’avons pas évalué les risques pour les couches lavables donc nous ne connaissons pas les risques éventuels liés à ces couches-là."
- Les risques liés aux couches pour les personnes âgées ont-ils été évalués ?
Pr Gérard Lasfargues, Anses : "La réglementation est différente car les couches pour les personnes âgées sont considérées comme des dispositifs médicaux. Le problème, c’est que justement les couches pour enfants relèvent de la directive européenne générale sur les produits de consommation. Et donc une des recommandations que fait l’agence, c’est de renforcer le cadre réglementaire et cela passe notamment par une action au niveau européen, que la France va porter grâce à ce rapport, dans le cadre de la réglementation REACH sur les agents chimiques. Dans le cadre de cette réglementation, on peut interdire un certain nombre de substances qui seraient dangereuses."