Protection de l'enfance : que prévoit la feuille de route du gouvernement ?
Le gouvernement a présenté lundi sa feuille de route sur la protection de l'enfance, qui met l’accent sur la prévention. Les explications de l'association La Voix de l'Enfant.
Elle était attendue depuis plusieurs mois… Après plusieurs reports, la feuille de route sur la protection de l’enfance a été présentée par Adrien Taquet, le nouveau secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance. Le gouvernement entend mettre l’accent sur la prévention auprès des femmes enceintes, encourager le signalement des enfants victimes de violences, améliorer l’Aide sociale à l’enfance et la formation des personnels.
Martine Brousse, présidente de la Voix De l’Enfant a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Quel est votre sentiment général sur cette feuille de route ? Simple effet d’annonce ou réforme en profondeur ?
Martine Brousse : "Déjà la nomination d’un secrétaire d’Etat, qui est nommé non seulement pour la Protection de l’enfance mais aussi secrétaire d’Etat à l’Enfance signifie que l’on considère l’enfance dans sa globalité alors qu’auparavant nous avions des secrétaires d’Etat à l’enfance, à la famille et aux femmes… Désormais, nous avons un secrétaire qui va vraiment se consacrer à cette mission spécifique qui est celle de l’enfance."
- Quelles annonces ont retenu votre attention ?
Martine Brousse : "Il y a quatre points importants, c’est d’abord l’accompagnement pendant la grossesse, des parents, des mamans fragilisées et revoir aussi ce fameux examen au quatrième mois de la grossesse, qui n’est pas une obligation aujourd’hui, or cela va permettre une véritable politique de prévention. L’autre sujet qui nous tient tous à cœur, c’est la violence commise à l’encontre des enfants, tout un programme va être mis en place pour mieux lutter contre ces violences. Le troisième point concerne les enfants de l’Aide sociale à l’enfance, les enfants placés, il y a une volonté de les accompagner pendant leur parcours et au-delà et enfin le quatrième point concerne la formation des professionnels. D’autres points ont été abordés, donc un essentiel, qui est celui de la prise en charge des mineurs non accompagnés, les MNA."
- La politique de protection de l’enfance sera-t-elle mieux coordonnée à l’échelle nationale ?
Martine Brousse : "Ce qui m’a aussi paru très important ce matin, c’est la volonté de créer une cohérence entre la politique de protection de l’enfance, qui est sous l’autorité des départements, et la politique de l’Etat qui doit garantir à tous les enfants une égalité de droits. On a senti aussi ce matin la volonté de travailler en interministériel afin de croiser les regards, de croiser les pratiques."
- Il y a eu beaucoup de coupes budgétaires dans le domaine de la protection à l’enfance. Quelles sont les conséquences ?
Martine Brousse : "Des places en foyer ont été supprimées, des postes d’accompagnement ont disparu aussi. Il est important de voir le temps qui se passe entre le moment où une procédure est décidée par un juge pour un enfant, qu’elle soit éducative ou judiciaire, et celui où elle va être exécutée. C’est extrêmement long aujourd’hui, cela peut prendre des mois, six mois parfois ! Ce matin, nous avons eu des annonces, à nous maintenant de voir comment le plan d’action 2017-2019, décidé suite à la loi de mars 2016, va être évalué avant de déployer cette nouvelle stratégie. Nous participerons à cette évaluation. Ce qui compte, c’est la recherche des besoins fondamentaux de l’enfant du démarrage de la grossesse jusqu’à l’école…"