Il mange des champignons mal cuits et son dos se couvre de traces rouges
Deux jours après avoir mangé des champignons shiitakes mal cuits, un homme s’est retrouvé aux urgences pour une douloureuse maladie allergique dans le dos. Un phénomène rare, mais pas exceptionnel, surnommé la "dermatite du shiitake".
Vous y repenserez à deux fois avant de commander un plat à base de champignons shiitake dans votre restaurant japonais favori. Une étude de cas publiée le 12 octobre dans le New England Journal of Medicine rapporte l’histoire d’un homme de 72 ans, de nationalité inconnue, qui s’est présenté aux urgences pour une forte réaction allergique causée par un champignon comestible et bien connu des gourmets : le champignon shiitake.
Mais quel est le lien entre un simple champignon vendu dans certaines enseignes de grande distribution et des traces allergiques semblables à celles d’un fouet sur tout le dos ? Comme le précise Live Science, l'équipe médicale pense d’abord au dermographisme pour expliquer cette impressionnante éruption cutanée, une forme d’urticaire chronique, qui provoque l'apparition de marques en relief sur la peau après des frottements ou des grattements. Mais elle exclut rapidement cette hypothèse.
Qu'est-ce que la dermatite flagellaire ?
Aucun signe non plus de ganglions lymphatiques qui pourraient indiquer une infection virale ou bactérienne. Les médecins demandent alors au patient de retracer les jours précédents l’apparition des premières traces. Les scientifiques font alors le rapprochement entre ces symptômes et un plat en apparence anodine, dégusté par le patient deux jours avant sa venue à l’hôpital. Un repas à base de champignons shiitakes cuisinés crus.
Il souffrait en réalité d’une dermatite flagellaire, aussi surnommée "dermatite du shiitake", causée par la consommation de ce champignon traditionnel de la cuisine japonaise, de plus en plus populaire dans les cuisines et restaurants européens. Signalée pour la première fois au Japon en 1977, la dermatite du shiitake est plus courante en Asie, où ces champignons sont plus largement consommés.
À lire aussi : Champignons toxiques ou comestibles ? Ne vous fiez pas aux applis !
Dans un wok, une soupe ou sur une pizza
Dans un rapport, publié en avril 2021, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation et de l'environnement (Anses) alertait sur la recrudescence des cas d’intoxications par des champignons shiitake. "Cette manifestation cutanée se traduit par un prurit et l’apparition de petites papules sur le tronc et les extrémités, parfois sur le visage, et de disposition flagellée", précise le rapport.
Après une première étude menée par les Centres antipoisons français entre janvier 2010 et décembre 2013, l’autorité sanitaire avait alors suspendu "pour une durée d'un an, la mise sur le marché de ces champignons lorsqu'ils sont présentés à l'état frais, en vrac ou préemballés, s’ils n’étaient pas accompagnés d'une information claire informant le consommateur de la nécessité d'une cuisson complète avant la consommation".
Les dermatites recensées étaient survenues après la consommation de shiitake cru ou mi‐cuit, comme par exemple lors de cuisson au wok, d’un ajout dans une soupe ou sur une pizza.
Qu’est-ce qui cause la dermatite du shiitake ?
Dans la synthèse de son rapport sur les intoxications au shiitake, l'Anses indique que "le mécanisme de la dermatite serait dû à une réaction d'hypersensibilité au lentinan, un polysaccharide thermolabile (ndlr : un glucide) composant le champignon". Une mauvaise cuisson "semble clairement être un facteur déterminant de l'apparition de la dermatite".
Certains individus semblent également être prédisposés génétiquement à présenter une réaction cutanée à la consommation de shiitake, selon le rapport.
Comment traiter la dermatite du shiitake ?
En règle générale, la dermatite du shiitake disparaît d'elle-même, sans nécessiter de traitement. Il est toutefois possible d’administrer aux patients des médicaments anti-inflammatoires pour soulager leurs symptômes.
Dans l’étude de cas publiée récemment, le patient s'est vu prescrire des stéroïdes à appliquer sur son dos, ainsi que des comprimés d'antihistaminiques à prendre par voie orale. Après deux semaines, son dos était moins irrité, mais présentait toujours des taches foncées. Un stigmate fréquent des inflammations de la peau.