Réchauffement climatique : vers une hausse des cancers de la peau ?
Des étés de plus en plus en longs et chauds. C'est ce que prévoient de nombreux experts à cause du changement climatique. Les dermatologues craignent donc de voir le nombre de cancers de la peau exploser. Cette hausse est déjà perceptible ces dernières années. Entre 1990 et 2010, les mélanomes ont augmenté de 45% chez les hommes et de 19% chez les femmes.
Six ans de combat contre une maladie, à cause de quelques minutes d'insouciance... En 2009, Marguerite Bano découvre sur sa jambe droite une étrange boursouflure. Il s'agit d’un mélanome, un cancer de la peau peu fréquent, mais grave. Elle se souvient encore du coup de soleil, responsable selon elle de son mélanome.
Depuis sept mois, elle suit un nouveau traitement : l'immunothérapie. Elle reçoit une injection tous les 15 jours afin de favoriser le développement des cellules saines au détriment des cellules cancéreuses. Malgré huit interventions chirurgicales, des nodules cancéreux se sont logés dans les poumons. Il n'est plus possible d'opérer son cancer.
Principaux responsables : les rayons ultraviolets
Capables de traverser la peau, les rayons ultraviolets peuvent altérer l'ADN des cellules. Au fil des ans, les cellules anormales se multiplient et le mélanome apparaît. Cette maladie touche 11.000 nouvelles personnes chaque année. Un chiffre qui a triplé en 20 ans. Une augmentation logique pour le Pr Philippe Saiag, dermatologue à l’hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt :
D'ici 2035, le nombre de mélanomes pourrait doubler
Et le pire est peut-être à venir. D’après les spécialistes, le nombre de cas de mélanomes pourrait encore doubler d'ici 2035. A l'Observatoire des sciences de l'Univers de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, une équipe a tenté de calculer la dose d'UV à laquelle les Européens seront exposés en 2100, si nous continuons à polluer autant.
D'après Sophie Godin-Beekman, directrice de l'Observatoire, "ce qui nous protège le plus des UV, c'est la couche d'ozone. Il va y avoir une intensification des mouvements atmosphériques, surtout dans la haute atmosphère. Cela va faire qu'il y aura moins d'ozone au niveau des tropiques et plus d'ozone à notre latitude. Et donc ça, cela va jouer sur la quantité d'UV reçue au sol. Il y aura plus d'UV au niveau des tropiques et moins d'UV dans nos latitudes, en Europe par exemple."
Résultat : les UV responsables des coups soleil pourraient diminuer de 5% d’ici à 2100. Une nouvelle qui pourtant est loin de rassurer le Pr Philippe Saiag :
Reste à espérer qu'à l’été 2100, les Européens auront enfin compris qu'il faut fuir le soleil aux heures les plus chaudes, s'abriter sous un parasol et mettre de la crème solaire.