Prise en charge du cancer : quelle place pour le médecin généraliste ?
Les médecins généralistes sont prêts à jouer un rôle accru dans le dépistage, l'orientation et la prise en charge des patients atteints de cancers, mais se heurtent à des réticences multiples, selon une enquête publiée le 15 décembre, à l'occasion de la 8e édition des Rencontres de la cancérologie française.
"Les médecins généralistes revendiquent d'être des médecins de suivi, mais ils se heurtent à des réticences qui proviennent des institutions comme des services hospitaliers d'oncologie", résume le Dr Jean Godard du Collège de médecine générale, qui a coordonné l'enquête.
Réalisée en novembre auprès de 117 médecins généralistes par le Collège de Médecine générale et le magazine Le Généraliste, elle montre que les médecins généralistes sont de plus en plus fréquemment confrontés au cancer.
70% d'entre eux estiment que la proportion de personnes atteintes de cancer a augmenté dans leur clientèle ces dernières années et plus de 80% estiment qu'ils ont un rôle à jouer dans le dépistage et l'orientation rapide du patient vers un service d'oncologie spécialisé. Quant au suivi et l'accompagnement des chimiothérapies à domicile, seulement la moitié des généralistes interrogés déclarent l'assurer.
Parmi les raisons invoquées, ils citent les réticences des spécialistes à leur confier ce suivi (64% des médecins interrogés) et un manque d'information sur les effets indésirables des médicaments (46%).
Mais ce qu'ils déplorent avant tout, c'est le manque de communication entre les médecins de villes et les spécialistes hospitaliers (85%) et le fait de ne pas être "assez pris en compte dans le parcours de soins" (73%). Les améliorations souhaitables portent essentiellement sur ces deux points.
68% mentionnent également "le manque de volonté des institutions" d'inclure le médecin généraliste dans le parcours de soins et 49% estiment ne pas être suffisamment informés.
"De nombreux généralistes réclament de s'investir davantage et considèrent que c'est possible à condition que le système de soins ne soit plus complètement centré sur l'hôpital" commente de son côté le Dr Godard. "Il faudrait un changement culturel", ajoute-t-il.
Selon des estimations de l'Institut national du cancer (INCa), plus de trois millions de personnes vivent en France avec un cancer ou un antécédent de cancer.