Tout savoir sur nos excréments
La couleur, l'odeur et la consistance des selles sont représentatives de l'état de santé de notre appareil digestif. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les excréments ont été pendant longtemps l'un des principaux outils de la médecine pour diagnostiquer les maladies. Aujourd'hui encore, les analyses de selles sont demandées par les médecins.
La digestion et les excréments
Le tube digestif se compose de la cavité buccale, de l'estomac qui se poursuit par un intestin grêle de six mètres. Il est suivi du côlon ou gros intestin, qui mesure un mètre 60. Le tout se termine par le rectum et l'anus.
Les matières fécales sont les résidus de la digestion et nous en produisons pas moins de 55 kg par an en moyenne. Dans les huit heures qui suivent un repas, tous les nutriments qui n'ont pas été absorbés, poursuivent leur progression dans le côlon : ce sont les matières fécales. Elles sont au départ liquides et grâce à la présence de glandes au niveau du gros intestin, l'eau est réabsorbée pour déshydrater les selles qui deviennent alors un peu sèches.
La présence de milliers de bactéries va aussi contribuer à la bonne digestion. La flore intestinale se nourrit des déchets, produit les flatulences et synthétise différentes vitamines. Après cette étape, les matières fécales s'accumulent au niveau du sigmoïde puis dans le rectum avant d'être évacuées.
Les selles sont pour l'essentiel constituées d'eau (75%) et de déchets biologiques (25%) tels que les bactéries mortes, les résidus alimentaires non absorbés, les cellules du tube digestif desquamées ainsi que des sels biliaires. Ces derniers sont responsables de la couleur marron des selles. Une couleur qui peut d'ailleurs être un indice de l'état de santé de la personne, tout comme la composition des selles.
Les usages thérapeutiques des excréments
Aujourd'hui les excréments sont synonymes de saleté, de contagion. À chaque hiver, les consignes de lavage de mains font planer l'ombre, la menace de la gastro-entérite.
Pourtant, pendant longtemps, la médecine a souvent pensé que les selles pouvaient aussi servir pour soigner. Selles d'animaux comme selles humaines ont été incorporées dans certains traitements.
Dans l'histoire de la médecine et de la pharmacopée, on trouve les selles utilisées dans des remèdes. Grands médecins, les Egyptiens ont été les premiers à décrire leurs potions à base d'excréments. "Il y avait deux types de recettes, explique le Dr Patrice Josset, historien de la médecine. Des recettes où l'on voit utiliser des crottes d'âne, de cheval, de crocodile… Recettes dont on ne sait pas vraiment à quoi elles servent ou de manière assez vague. Mais pour l'autre partie des recettes, les idées sont plus claires puisque les excréments étaient utilisés dans les fumigations".
La fumigation consiste à exposer des corps à la fumée des excréments brûlés. Les Egyptiens attribuaient certaines maladies incurables à un démon présent dans le corps. L'odeur de ces fumées devait le faire fuir.
Les selles animales utilisées comme thérapie existaient aussi chez les médecins grecs. Cet usage continue au Moyen-Âge, puis à la Renaissance. Les fientes animales et parfois humaines, sont chauffées, mélangées, transformées en potion ou en cataplasme.
Si à l'époque on utilise les selles, c'est autant par croyance que par connaissance de leurs vertus curatives. Au XIXe siècle avec les avancées de la biologie, on y découvre des bactéries utiles. "Il existe un usage intéressant et curieux dans l'utilisation des selles humaines, c'est l'utilisation de ses propres selles dans le traitement des diarrhées infectieuses", note le Dr Patrice Josset, et "il semblerait que ce traitement ait été efficace. C'est-à-dire qu'on a pu utiliser les selles des personnes malades pour les guérir eux-mêmes".
On parle alors d'auto-isothérapie, qui était utilisée au début XXe siècle. Extrêmement diluées, les selles malades sont déposées sur des granules homéopathiques. Cette pratique médicale a disparu, elle est aujourd'hui interdite en France.
Les selles comme médicament, l'idée peut sembler relever plus de la sorcellerie que de la médecine et pourtant, on y revient avec les transplantations fécales utilisées très récemment pour traiter certaines pathologies de l'intestin.
Les selles, un bon indicateur de notre état de santé
Les selles sont une source d'information importante pour connaître des détails de notre santé. Vous connaissez la recherche de sang dans les selles pour le dépistage du cancer du côlon mais il existe d'autres types d'analyses qui nécessitent une certaine expertise. Certains laboratoires hospitaliers sont dédiés à l'étude des selles.
L'analyse des selles permettent de révéler des indices pour comprendre un problème de santé récurrent non identifié. Les selles reçues dans les laboratoires sont réservées au frais pendant un jour entier avant d'être analysées. Acidité, concentration de bile… Plusieurs dosages sont réalisés. L'étape la plus importante consiste à mesurer les lipides contenus dans les selles, c'est-à-dire le volume de graisse présent.
Un taux élevé de graisse dans les selles signifie que le patient souffre de malabsorption. Son transit fonctionne mal et les nutriments sont peu ou pas absorbés par l'organisme. Une analyse au microscope permet de vérifier ensuite la concordance des résultats. L'analyse au microscope doit aussi déterminer la nature des lipides. Les graisses digérées n'ont en effet pas le même aspect que les graisses non digérées.
D'autres dosages comme la recherche de certains marqueurs biologiques sont autant d'éléments qui permettront de poser le bon diagnostic.
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