Le marketing de l'alcool reste très mal régulé
Le marketing de l'alcool est protéiforme (promotion, publicité, sponsoring, sites web, applications, réseaux sociaux...) et sévit principalement chez les populations les plus vulnérables.
Dans un numéro hors-série consacré aux pratiques marketing des alcooliers, publié par la revue Addiction, le 10 janvier 2017, les experts en santé publique alertent sur l’exposition massive des jeunes Français aux publicités pour l'alcool et sur les assouplissements de la loi Evin qui gagnent du terrain d'année en année.
"Selon une nouvelle publication internationale, l’auto-régulation par les alcooliers de leur marketing est un écran de fumée qui vise à empêcher la mise en place de solutions réellement efficaces pour la protection des populations et notamment des jeunes. Les conclusions confortent les positions soutenues depuis longue date par l’ANPAA", écrit l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, dans un communiqué.
D'après les auteurs de l'étude, l’exposition au marketing des alcooliers augmente la consommation, particulièrement chez les jeunes. De plus, l’analyse des opérations publicitaires réalisées durant la Coupe du monde de football 2014 montre que les pratiques des alcooliers violent les codes d’auto-régulation dont ils se sont eux-mêmes dotés pour se donner bonne conscience. Ces codes ne protègent pas suffisamment les jeunes visés par les pratiques marketing notamment via les réseaux sociaux.
En France, les rabotages successifs de la loi Evin ont eu pour conséquence une plus grande exposition des jeunes au marketing des alcooliers. Les experts appellent à la mise en œuvre de mesures réellement efficaces pour limiter les pratiques à risque et les mésusages liés à l’alcool et ainsi améliorer la santé des populations.
Pour les chercheurs, l’interdiction complète de la publicité et de la propagande pour les boissons alcooliques, et notamment de toute forme de sponsoring, serait la solution la plus efficace. La régulation ne peut être laissée aux mains des producteurs qui ont pour intérêt premier le développement de leur chiffre d’affaires, concluent-ils.