Quels sont les dangers du cannabis chez les jeunes ?
J'ai commencé à fumer du cannabis en cinquième, car je me sens mal au collège. Mes parents ne sont pas au courant. Est-ce vraiment dangereux ?
Les réponses avec le Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue :
"Mes positions sur le cannabis sont connues, j'ai souvent dit que j'étais pour la légalisation. Dans une démarche dans laquelle on a un trafic mondial qui génère 350 milliards de dollars et que la France est le pays le plus prohibitionniste du cannabis et dans lequel on a la plus grande prévalence de la consommation, c'est un phénomène qu'il faut accompagner d'une certaine manière pour protéger nos jeunes.
"On doit protéger les plus jeunes car il y a un problème qu'on appelle la précocité du contact. Et en France, quand on est en cinquième, ce n'est pas bon de commencer à consommer du cannabis parce qu'une maturation du cerveau est en train de se mettre en place, on est en plein programme scolaire, on est captif vis-à-vis des trafiquants, on a une culpabilité vis-à-vis des parents, de l'adulte… Et pour le coup, si une politique et de l'argent doivent être mis en place, ce n'est pas en embrigadant les gens, en les mettant en prison mais en mettant de l'argent dans la prévention et en actes. Tout le monde doit être responsable : les adultes, les médecins, le médico-social… Cette jeune fille doit en parler à ses parents, à ses enseignants, à l'infirmière scolaire. Il faut qu'elle regarde sur Internet. Des choses ont été mises en place.
"Si elle pose la question de la dangerosité du cannabis, cela signifie qu'elle n'est pas encore dans une situation de dommages. Mais ça peut l'être si jamais il existe d'autres facteurs. À cet âge, il n'est pas banal de consommer du cannabis. Donc elle peut se faire aider.
"On peut avoir tous les risques et ne pas développer la maladie. En revanche on sait qu'il y a des facteurs comme la précocité, avec des parents qui ont des problèmes psychiatriques, avec un environnement qui vous offre du cannabis, avec du mauvais cannabis. Il y a du bon et du mauvais cannabis. Il y a du cannabis extrêmement dosé, il y a du cannabis avec des composants dont on sait qu'ils sont plus psychoticogènes c'est-à-dire qui entraînent plus de psychoses. On va faire un cumul des facteurs. Le risque, comme son nom l'indique, ce n'est pas la maladie. Mais on sait maintenant à travers notamment des études statistiques, des études de croisement des gènes et de croisement des facteurs familiaux qu'on peut montrer des choses mais pour autant, on peut cocher tous ces éléments et ne rien avoir.
"Tout contact précoce peut, mais ce n'est pas automatique, faciliter l'appétence. On l'a vu pour le tabac sur des souris et aussi sur des jeunes garçons et jeunes filles. Cela peut prédisposer à une appétence pour la cocaïne."