Il est urgent d'améliorer le suivi gynécologique des femmes jeunes
Difficultés à trouver une contraception, dépistage tardif des IST... faute d'accès à une consultation chez un gynécologue, les femmes jeunes s'exposent à des risques. Cela pourrait s'améliorer grâce aux généralistes et aux sages-femmes.
Comment améliorer le suivi gynécologique des femmes jeunes ? Actuellement, ce suivi n’est pas obligatoire en France, mais les recommandations sont d’une consultation gynécologique par an, même en l’absence de problème. C’est en effet l’occasion de faire un point sur la contraception utilisée, d'informer sur les infections sexuellement transmissibles (IST) ou encore de programmer une prise de sang de contrôle.
Malheureusement, cette prise en charge est rarement aussi régulière. En 2008 déjà, un sondage de l’Institut BVA réalisé sur 1.030 femmes âgées de 15 à 75 ans révélait que 14% des femmes interrogées n’étaient pas suivies en gynécologie. Et 29% des autres consultaient moins d’une fois par an. Une carence particulièrement marquée chez les plus jeunes, entre 15 et 24 ans, qui ne sont que 69% à consulter régulièrement, selon le Baromètre santé INPES Les comportements de santé des jeunes de 2010.
"Créer une habitude"
Or, il est primordial pour les femmes jeunes de "créer une habitude" et de les "sensibiliser à l’importance d’un suivi à tous les âges, notamment quand le risque de cancer gynécologique augmente" nous explique Bérénice Merle-Béral, étudiante en médecine qui réalise actuellement une thèse sur le suivi gynécologique des femmes entre 18 et 30 ans. Un âge particulier où "les risques d’IST, de grossesses inattendues ou de contraception insuffisante sont plus élevés" note la future médecin.
36 jours d’attente chez le gynécologue
Mais actuellement, les délais pour obtenir un rendez-vous chez un gynécologue peuvent être longs et donc décourageants : à l’échelle nationale, il faut attendre en moyenne neuf jours en cas de symptômes mais ce chiffre grimpe à 36 jours pour un rendez-vous de consultation de suivi, selon une enquête de la Drees publiée en octobre 2018.
Et cela risque de s’aggraver puisqu’une carence en gynécologues médicaux est annoncée. En cause, la suppression de cette spécialité entre 1987 et 2003. Ceux formés avant cette interruption prennent donc aujourd'hui leur retraite quand les plus jeunes tardent encore à arriver.
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6.000 généralistes formés à la gynécologie par an
Mais bonne nouvelle : les gynécologues ne sont pas les seuls à pouvoir assurer ce suivi. Les sages-femmes y sont aussi autorisées depuis 2009 ainsi que les médecins généralistes, qui reçoivent une formation obligatoire de six mois en gynécologie durant leur internat. Ils sont alors formés aux gestes d’examens gynécologiques, à l’usage du speculum, à la pose d’implants et de stérilets ou encore aux questions relatives à la contraception. Un renfort non négligeable de "6.000 médecins généralistes qui s’ajoute aux 400 gynécologues médicaux diplômés chaque année", selon Bérénice Merle-Béral.
Réticence des femmes ?
Reste à rendre l'information sur ces renforts plus accessibles pour les femmes qui ne seraient pas à l'aise avec leur médecin traitant. Car certaines patientes "ne se sentent pas toujours en confiance pour aborder les questions gynécologiques avec leur médecin de famille", remarque Bérénice Merle-Béral.
Une observation déjà relevée en 2007, par la docteure Mélanie Ora dans sa thèse de médecine. 60% des 177 femmes interrogées déclaraient en effet ne jamais consulter de médecin généraliste pour des raisons gynécologiques.
Est-ce toujours le cas 12 ans plus tard ? C’est à cette question que devra répondre Bérénice Merle-Béral, en recueillant les expériences des patientes à travers un questionnaire en ligne qu’elle adresse à toutes les femmes âgées de 18 à 30 ans.
Si vous souhaitez répondre au questionnaire, cliquez sur ce lien : Femme de 18 à 30 ans et suivi gynécologique, votre avis nous intéresse !