Les bactéries intestinales peuvent-elles nous faire grossir ou maigrir ?
Que devient le microbiote dans les périodes de jeûne ? Est-il vrai que certaines bactéries de nos intestins peuvent nous faire grossir ou maigrir ?
Les réponses de Joël Doré, microbiologiste :
"Concernant le jeûne, ce n'est pas quelque chose que l'on connaît très bien. La littérature ne nous a pas renseigné avec des outils sophistiqués et modernes comme on utilise aujourd'hui sur cette question. On dépend de travaux anciens avec des méthodes de culture. Et ces travaux semblent dire que le microbiote s'appauvrit légèrement en terme de diversités d'espèces et on peut penser que cela est lié au fait qu'en l'absence d'apport de nourriture externe, une nourriture interne est produite en permanence. Il s'agit du mucus produit par les intestins qui nourrit pour 50% de leur énergie les bactéries du côlon.
"Nous avons beaucoup travaillé sur le cardio-métabolisme et la nutrition. Nous avons pu montrer qu'il y avait un lien entre l'obésité, le surpoids et le microbiote intestinal. On est même allés plus loin en montrant que quand on met des patients en surpoids ou obèses au régime amaigrissant avec comme vocation de faire perdre du poids et d'améliorer globalement le statut clinique de la personne, environ un tiers des individus ont un microbiote appauvri, et répondent moins bien au régime ou pas du tout. Cela nous donne une indication sur le fait que nous ne sommes pas tous égaux vis-à-vis de cette pathologie qui est l'obésité. Certains sujets pourraient répondre moins bien.
"On a pu relier ces observations à des données un peu plus fines sur le microbiote intestinal et montrer qu'une bactérie particulière est associée au développement de l'insulino-résistance par exemple, et donc des paramètres du diabète. Son absence est associée à ces développements donc on peut imaginer qu'apporter cette bactérie pourrait être une solution. Il s'agit d'une bactérie présente dans le microbiote normal de toutes les personnes en bonne santé. C'est donc une bactérie intéressante mais c'est une bactérie qui n'est pas classique de ce qu'on a appelé les probiotiques, donc ces bactéries reconnues comme non dangereuses, sont apportées notamment par l'alimentation fermentée. Cela demande donc des validations en terme de sécurité. Et cette bactérie qui est travaillée par des collègues belges et hollandais est préparée pour être apportée à des patients dans le cadre d'essais cliniques contrôlés, sous forme de gélules par exemple."