"Mutilations" d’athlètes hyperandrogènes : une enquête va être ouverte
Au lendemain de la publication d'une lettre ouverte de 25 sportifs français dénonçant des "exactions" à l'encontre d'athlètes hyperandrogènes auxquelles auraient pu participer des médecins français, la ministre des Sports a confirmé l'ouverture d'une enquête administrative.
"Ils nous ont envoyé une demande pour ouvrir une enquête. Je leur ai dit hier (vendredi 11 octobre) que nous allions le faire avec Madame Buzyn, ministre de la Santé, pour pouvoir avoir aussi plus d'informations sur ce sujet", a déclaré Mme Maracineanu au micro de franceinfo, après avoir publié un tweet en ce sens.
Une enquête administrative va être confiée "rapidement" de manière conjointe à l'inspection générale des sports et à l'inspection générale des affaires sociales (Igas), a appris l'AFP auprès du ministère des Sports. Cela fait suite à la rédaction d’une lettre ouverte signée par vingt-cinq sportifs français de diverses disciplines qui y dénoncent des "exactions" à l'encontre d'athlètes hyper-androgènes, et réclament des "explications" à la Fédération internationale d'athlétisme, au Comité international olympique et, en France, au ministère des Sports.
Mutilation subie des organe génitaux internes
Les signataires de cette lettre ouverte, parmi lesquels la double championne du monde de taekwondo Gwladys Epangue, le quintuple champion du monde de natation Fabien Gilot et la triple championne du monde de judo Gévrise Emane, s'appuient sur un reportage diffusé par la chaîne allemande ARD, partiellement repris par France 3 fin septembre.
Une athlète ougandaise hyperandrogène, Annet Negesa, privée des Jeux olympiques de 2012 pour un taux de testostérone naturel anormal, dit à ARD avoir subi, sans en avoir été avertie, une opération d'ablation des organes génitaux internes.
Les signataires de la lettre expriment leur "stupeur" devant "les exactions subies par des jeunes femmes, athlètes hyper-androgènes ou intersexes".
Des médecins français suspectés d’être impliqués
Dans le reportage diffusé par France 3, Annet Negesa affirme s'être vu proposer par la Fédération internationale (IAAF) un premier rendez-vous médical à Nice avec le médecin Stéphane Bermon, directeur du département santé et scientifique de la Fédération internationale, avant son opération réalisée en Ouganda.
"Une partie de ce qui est évoqué dans ce reportage est déjà public puisqu'en 2013-2014 on avait déjà entendu ouvertement dans la presse, dans Libé, La Dépêche, parler de cette étude qui avait été faite à laquelle ont participé des médecins français", a déclaré samedi Mme Maracineanu. "C'est pour ça, puisque moi je n'étais pas là à ce moment-là, qu'il faut aujourd'hui qu'on mette à jour toutes ces données, qu'on puisse ouvrir une enquête pour voir ce qu'il en est et quelle est la responsabilité de ces médecins français dans cette affaire", a-t-elle ajouté.
Démenti formel de la fédération internationale
Vendredi soir, l'IAAF a démenti "fermement", dans un communiqué, être intervenue dans le traitement d'Annet Negasa, et a qualifié de "fausses déclarations" les propos de l'athlète dans le documentaire.
Depuis le 8 mai, un règlement de l'IAAF demande à certaines athlètes présentant une différence du développement sexuel (DSD) de suivre un traitement pour faire baisser leur taux de testostérone, afin de pouvoir concourir sur les distances allant du 400 m au mile (1.609 m).
L'IAAF estime que ces athlètes ont un avantage physiologique "injuste" sur les autres.
Controversé, ce règlement a été attaqué en justice par la double championne olympique du 800 m Caster Semenya, qui refuse de prendre des médicaments et n'a donc pas pu défendre son titre mondial à Doha fin septembre.