Coronavirus : onze villes en quarantaine en Italie
Le Covid-19 se propage dans le nord de l’Italie, où il a causé en un week-end plus de 150 cas et quatre décès. 11 villes ont été placées en isolement, le carnaval de Venise est suspendu et plusieurs écoles, universités et musées sont fermés.
Arrêt du Carnaval de Venise, fermetures à Milan et deux semaines d’isolement pour onze villes : le nord de l'Italie se prépare à vivre des jours d'angoisse et de restrictions. En cause : une soudaine et spectaculaire flambée des cas du nouveau coronavirus Covid-19 en trois jours.
A lire aussi : Covid-19 : de multiples sources d'inquiétudes
152 cas et quatre décès
Tout commence le vendredi 21 février, par la découverte de plusieurs foyers et l’annonce du premier décès d’un Italien, un maçon retraité de 78 ans à Vo'Euganeo, près de Padoue, en Vénétie. Les cas se multiplient alors rapidement pendant le week-end, passant de six personnes infectées à plus de 150 cas dimanche 23 février. Une progression fulgurante qui préoccupe les autorités et la population locale.
L'Italie compte désormais 152 cas dont quatre décès, ce qui en fait le pays le plus touché en Europe, depuis que l'épidémie de pneumonie virale a démarré en décembre en Chine. Les cas les plus nombreux ont été recensés en Lombardie (région de Milan) avec 112 contaminations et 22 en Vénétie (région de Venise).
Deux foyers principaux ont été identifiés. Le plus important se trouve autour de Codogno (Lombardie), ville de 15.000 habitants qui travaillent pour la plupart aux alentours ou à Milan, à 60 km de là. Dans cette zone, trois décès ont été enregistrés : une femme de 77 ans samedi 22, une femme âgée et atteinte d’un cancer dimanche 23 et un homme de 84 ans lundi 24.
Un autre foyer se situe à Vo'Euganeo, près de Padoue (Vénétie), où le premier cas mortel du maçon retraité a été enregistré. Un cordon sanitaire y sera établi par l'armée à partir de lundi.
Mystère autour du "patient 1"
En Lombardie, le "patient 1" est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever qui a un site important près de Codogno, à Casalpusterlengo, où 120 des salariés sur 160 ont été testés. Mais sa contamination reste un mystère : il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenu de Chine en janvier, car celui-ci, "sur la base des tests effectués, n'a pas développé les anticorps", selon le ministère de la Santé.
L’ombre plane également sur les origines des contaminations à Vo'Euganeo. Les autorités ont soumis à des tests huit ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar que le maçon décédé vendredi 21, mais qui se sont révélés négatifs.
L'OMS reconnaît que "la hausse rapide des cas enregistrés en Italie depuis deux jours est inquiétante", selon un porte-parole. "Ce qui nous inquiète aussi c'est qu'on n'a pas pu identifier dans tous les cas des liens épidémiologiques clairs comme des voyages en Chine ou des contacts avec un cas confirmé".
Carnaval suspendu, écoles fermées, isolement…
Face à cette flambée, le Premier ministre Giuseppe Conte, interrogé sur la chaîne publique Rai Uno, avait appelé à "ne pas succomber à la panique et à suivre les consignes des autorités sanitaires". "Il ne faut pas avoir peur du fait que le nombre de cas augmentera encore", a-t-il ajouté.
En pratique, pour limiter la propagation du virus, le gouvernement a adopté un décret-loi très strict qui met à l'isolement 11 villes, dont 10 dans le périmètre de Codogno. "Ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière", a annoncé Giuseppe Conte. Dans ces 11 villes, tous les lieux publics (bars, restaurants mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies, ont fermé dès vendredi 21.
Dimanche 23 février, la Vénétie a aussi décrété l'interruption des festivités du célèbre Carnaval de Venise qui devait se terminer mardi 25, et des manifestations sportives ainsi que la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.
En Lombardie, dans la métropole de Milan, capitale économique italienne, écoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala seront fermés. Tous les bars baisseront le rideau de 18h00 à 6h00 du matin. Les services publics restent quant à eux ouverts.
Bientôt un "blocus total" ?
Tout près de Codogno, à Casalpusterlengo, une voiture de la police arrête tous les véhicules circulant sur la principale artère reliant les différentes bourgades. "Nous allons rapidement installer un blocus total", a expliqué à l'AFP un policier, en soulignant que les agents informent "les gens que s'ils entrent, ils ne pourront plus sortir et inversement". Le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu'à trois mois de réclusion pour les contrevenants.
Mais la grande crainte des habitants est celle de manquer de vivres. Toute la journée, à Casalpusterlengo, des files se sont formées devant le supermarché Lidl, l'un des seuls ouverts.