Méningite : une campagne de vaccination massive à Dijon
Les autorités sanitaires engagent ce jour une vaste campagne de vaccination ciblant près de 30.000 personnes sur le campus de l'université de Dijon. Trois cas récents de méningite chez les étudiants ont été recencés dont deux mortels.
La campagne pilotée par l'ARS de Bourgogne-Franche-Comté va se dérouler en trois phases : de mercredi à vendredi au sein du pôle économie-gestion (environ 1.000 personnes) ; puis entre le 9 et le 20 janvier auprès des quelque 10.000 étudiants et personnels de la faculté de droit et lettres ; enfin jusqu'à la fin du premier trimestre 2017 sur le reste du campus.
"Nous ne sommes plus dans l'urgence mais dans des mesures préventives, cette campagne vise à ramener le risque au niveau de celui rencontré sur n'importe quel campus", a déclaré à l'AFP le médecin inspecteur de l'Agence régionale de santé (ARS), Carole Boiret, qui tient "vraiment à rassurer la population".
Les premières filières concernées sont celles que fréquentaient les deux étudiants décédés d'une méningite à méningocoque de type W135 entre octobre et décembre 2016. En fin d'année, l'ARS avait indiqué que l'état de santé d'un troisième étudiant, également infecté, évoluait "favorablement".
30.000 personnes sont potentiellement concernées par cette vaccination
Au total, environ 30.000 personnes sont potentiellement concernées par cette vaccination gratuite, basée sur le volontariat. Le produit utilisé, en dose unique, protège contre quatre souches de méningocoque (A, C, Y et W).
En décembre 2016, les personnes ayant eu des "contacts proches et répétés" avec les étudiants malades avaient été identifiées par l'ARS pour "leur recommander une prophylaxie antibiotique et les inviter à se faire vacciner". En l'absence de contact direct avéré entre les étudiants touchés par la méningite, les autorités sanitaires craignent que la bactérie circule via des porteurs sains.
"Il ne faut pas hyperdramatiser la situation en semant une inquiétude excessive car c'est une maladie rare avec un mode de transmission difficile", a estimé le président de l'université de Bourgogne, Alain Bonnin, qui dit ne pas avoir ressenti de "panique" sur le campus.
Un dispositif de vaccination qui intervient en pleine période d'examens
Le président régional du syndicat UNEF, Thomas Sellier, redoute que la période d'examens qui s'ouvre en janvier n'incite pas les étudiants à se rendre dans le centre de vaccination. Pour Geoffrey Ricard, de l'UNI, "il y a eu un peu d'inquiétude dans la filière de l'étudiante décédée" fin décembre. "J'espère que les gens auront conscience de l'importance d'aller se faire vacciner et d'enrayer le problème et je serai un des premiers à y aller, même si je suis en examen", a-t-il poursuivi. Un numéro vert d'information (0805 200 550) a été mis en place par l'ARS.
Plusieurs campagnes de vaccination de très grande envergure ont déjà été organisées en France au cours des années 2000, touchant plusieurs centaines de milliers de personnes dans le sud-ouest (Hautes-Pyrénées, Landes et Pyrénées-Atlantique), le centre (Puy-de-Dôme) et le nord du pays (Seine-Maritime et Somme). Plus récemment, en avril 2015, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes avait lancé une campagne de vaccination auprès de 4.300 enfants et jeunes adultes dans douze communes du Beaujolais, après quatre cas d'infections de souche B.
Le méningocoque est un germe très fragile qui ne survit pas dans l'environnement mais se transmet par la salive. La maladie se traduit par une fièvre, des maux de tête, une raideur de la nuque avec des vomissements et une gêne à la lumière.
Les infections invasives à méningocoque sont relativement rares en France, avec 469 cas notifiés en 2015 ayant entraîné 53 décès, selon l'Institut national de veille sanitaire.